samedi 8 février 2014

LE CRI DES BERGERS !



Les associations de bergers de France
Liste signataires ci-dessous
Le 14 janvier 2013
Lettre ouverte
Madame, Monsieur,
Les lignes qui suivent émanent de la 3ème rencontre nationale du collectif des bergers et des associations de bergers.
Ce sont les paroles des bergers et d'eux seuls. Elles disent la détresse, l'incompréhension, la perte de confiance, l'absence de considération, les critiques injustifiées. Elles se veulent une sonnette d'alarme pour attirer l'attention sur un métier que certains commencent à déserter et pour témoigner que la montagne, par endroit, se dégrade. Mais plus que tout, elles demandent que soient reconnus et entendus à tous les niveaux, ceux qui, quotidiennement, côtoient les grands prédateurs.
Le collectif des bergers et associations de bergers rassemble tous les massifs (Jura, Vosges, Massif- Central, Alpes, Pyrénées.). Il réunit des bergers et vachers, qui dans la grande majorité, vivent 4 à 5 mois de l'année (juin-octobre) en haute-montagne, pour assurer le gardiennage permanent des troupeaux. Ce collectif centre son travail sur les thèmes primordiaux du métier de berger : conditions de travail, emploi, formation professionnelle, formation continue...
Depuis trois ans, ce collectif organise une rencontre nationale, après la descente des troupeaux. Temps fort qui permet de se retrouver pour échanger sur tout ce qui a trait au métier de berger. Après les Cévennes, les Alpes, c'était au tour des Pyrénées d'accueillir, le 10 novembre dernier, la rencontre 2012.
L'ours a toujours été présent dans les Pyrénées ; avec les premières réintroductions (1996), la population d'ours a été croissante et sur différents secteurs du massif. Dans le même temps, les Alpes ont vu revenir le loup, lequel depuis quelques temps se manifeste également dans les Pyrénées, Massif central et Vosges. Les bergers et vachers ont maintenant du recul et du vécu sur les mesures de protection préconisées et mises en place depuis l'arrivée et la réintroduction de ces grands prédateurs. Ce pas de temps permet d'avoir du recul sur les mesures de protection préconisées et mises en place lors de l'arrivée ou de la réintroduction de ces grands prédateurs.
Les bergers que nous sommes ont parfaitement conscience des moyens mis en œuvre pour minimiser les effets de la prédation (indemnisations des bêtes, aides au gardiennage,...).
Cependant, nous constatons qu'il y a, sur l'ensemble des massifs, une augmentation des prédateurs, une augmentation de la prédation et que les mesures de protection ne sont pas adaptées à la réalité du terrain.
En temps normal, être berger, c'est travailler seul, résoudre seul les difficultés. Mais dans un contexte de prédation récurrente, la pression, la peur pour soi, pour les bêtes, rend la situation limite, pour le mental comme pour le physique ; au point que certains ne veulent plus monter. Plus grave encore, des bergers expérimentés abandonnent leur métier.

Être berger, dans ce contexte, c'est : compter des cadavres tous les jours, découvrir et chercher des bêtes blessées, être obligé d'euthanasier des brebis pour abréger des souffrances, gérer les constats ; le tout dans le temps légal du travail, en plus du travail « normal ».
Garder en présence de loups ou/et d'ours, c'est (aussi) un surcroît de travail, une situation de stress, et surtout un sentiment d'échec et de culpabilité. « Nous n'arrivons plus à faire ce pourquoi nous sommes là et cela remet en cause notre propre utilité ». Ce sentiment est accentué par le regard et les critiques à notre encontre, y compris par ceux qui sont le plus à même de comprendre la situation, à savoir des éleveurs. Ces critiques se résument à : « "Si vous gardiez les brebis ça n'arriverait pas" ; autrement dit, si « tu as de la prédation, tu es un mauvais berger. » A cela s'ajoutent des propos diffamatoires inacceptables circulant via les réseaux internet.
Or, les bergers sont des professionnels. Ils connaissent leur travail et gèrent au mieux le troupeau en fonction de la montagne, de la météo...Pourtant, alors même qu'ils connaissent le mieux les différents quartiers de leur estive/alpage et qu'ils sont les seuls professionnels constamment présents sur les lieux, ils ne sont pas directement informés de la présence des prédateurs quand ceux-ci se trouvent sur leur secteur, alors que les administrations sont au courant. De même, ils sont laissés dans l'ignorance quant aux évolutions des zones à prédation.
Le rôle du berger est central pour la montagne, du fait de son travail d'observation du troupeau et de l'environnement dans lequel celui-ci évolue. Nous connaissons l'écosystème de montagne et nous y sommes sensibles. Le pastoralisme permet une biodiversité des espèces inféodées (faune et flore). Aussi, nous ne pouvons accepter que certains secteurs soient condamnés à l'abandon avec toutes les conséquences induites : fermeture des paysages et augmentation des risques naturels (feux, avalanches...). De la même façon, nous attirons l'attention sur le surpâturage et l'érosion de certains secteurs dû au piétinement excessif engendré par la nécessité de regrouper les bêtes. Ces pratiques dont on mesure les incidences négatives sur l'état des troupeaux (stress, état sanitaire, boiteries, avortements, niveau d’engraissement...) menacent aussi l'avenir des montagnes. Aussi, nous ne comprenons pas la sur-protection de certaines espèces face à d'autres espèces qui méritent tout autant notre attention.
Nous, bergers, que nous travaillions en zone à prédation ou non, nous nous sentons concernés par ce qui précède. Tous, nous aimons les bêtes. Tous, nous aimons la montagne.
Pour nous aujourd'hui, il ne s'agit en rien de demander une indemnisation de plus. Nous ne voulons pas d'argent. Ce que nous voulons c'est :
Être reconnus dans notre travail, comme les professionnels que nous sommes ;
Être écoutés comme acteur principal sur la montagne ;
Être informés et être présents dans les commissions, ceci dans tous les départements ;
Soutenir tous les bergers et éleveurs concernés par la prédation ;
Dans les secteurs concernés par l’ours, travailler à une gestion des populations de prédateurs qui s’attaquent à nos troupeaux. Dans les secteurs concernés pas les loups, travailler à une régulation intelligente et efficace des populations de prédateurs qui s’attaquent à nos troupeaux.
La mise en place des moyens par les services de l’État dès la 1ère attaque sans tracasserie administrative.
SIGNATAIRES :
Association des Pâtres de Haute Montagne Ariège Pyrénées Baptiste Miller Jardins Botaniques 09 000 Loubières 80 adhérents 150 bergers et vachers en réseau
Association des Bergers Salariés des Pyrénées Atlantiques Pyrénées Atlantiques Pyrénées Jérome Jouannet 64490 SARRANCE 15 adhérents 10 sympathisants
EHA Arrapitz Association des Bergers Sans Terre Secteur pays basque des Pyrénées Atlantiques
Pyrénées Pantxo Etcheverri 32 rue de la Bidouze 64120 Donapaleu / Sain-Palais 30 adhérents
Association des Bergères et Bergers des Alpes du Sud et Provence Hautes Alpes Alpes Maritimes
Alpes de Haute Provence Antoine Le Gal Roger Minard Le Plan 04110 Aubenas les Alpes
une quarantaine d’adhérents
Association des Bergers de l’Isère Isère Alpes Michel Didier 85 route de Pommaret 38450 Charancieu
une vingtaine d’adhérents
Association des Eleveurs et Bergers du Vercors – Drôme – Isère Département de l'Isère, Nord de la Drôme et Plateau du Vercors Michel Curt QuartierVoirazier 26100 Romans sur Isère 92 adhérents
Association Solidarité Pastorale Drôme et régions voisines Jean-Louis Fleury 26460 Les
Tonyls une soixantaine d’adhérents


Une autre lettre  de l'association des bergers et bergères de Provence et des Alpes du sud, a été publiée suite aux erreurs ( mensonges?)  paru dans l'article sur la réunion des associations, dans Reporterre "Le loup, ennemi ou nature ? Paroles de bergers"
L’Association des bergères et bergers de Provence et des Alpes du Sud dénonce l'article  de Daniel Bordur relatif à la Rencontre nationale des Associations de Bergers tenue du  1 er  au 3 novembre 2013 à Rochejean (Doubs), mis en ligne le 12 Novembre sur le site  www.reporterre.net Ce texte donne à la réunion des associations de bergers une orientation idéologique qui dénature nos débats En savoir plus

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