dimanche 24 août 2014

LE LOUP EST INCOMPATIBLE AVEC L'ELEVAGE

    Les troupeaux transhumants sont arrivés sur les pentes du Mont Lozère depuis quelques semaines, avec discrétion car les transports routiers ont le plus souvent pris le pas sur la montée en estive par les drailles. Mais le spectacle est toujours au rendez vous lorsque l’on découvre ces milliers de brebis se déplaçant tranquillement au rythme de leur recherche d’herbe toujours plus fraîche. Ce spectacle ne sera-t-il qu’un souvenir dans peu de temps ? Voila la question que se posent les bergers sur le Mont Lozère et bien au-delà. En cause, l’apparition du loup autour des troupeaux quelques jours à peine après la mise en estive.
Sophie Pantel, Conseillère générale, Vice-Présidente du Conseil Régional ayant en charge l’élevage, accompagnée d’Alain Jaffard, Maire du Pont de Montvert, de son Adjoint François Folcher et de Jean-Paul Velay, Maire de Saint Maurice de Ventalon a tenu à rencontrer les bergers pour les assurer de son soutien en prenant la mesure de leurs craintes et des dégâts subis.


Les groupements pastoraux sont nombreux sur le Mont Lozère : Bellecoste, l’Aubaret, La Vialasse, Le Mas de la Barque, Altier… Près de huit mille brebis pâturent sur ce domaine. Les échanges avec Frédéric Cambon ou Bruno Seryies, bergers aguerris et soucieux de l’avenir ne laissent planer aucun doute : le loup est une menace à prendre en compte rapidement car l’activité pastorale, dans son ensemble est touchée et le moral des bergers de la même manière.

Lorsque l’on parle des brebis ou des agneaux blessés ou mangés directement par le loup, les chiffres paraissent dérisoires pour le profane. Ce que les bergers veulent faire comprendre, c’est la perturbation générée sur l’ensemble du troupeau : l’attaque d’un loup ou seulement l’approche du troupeau par l’animal engendre un stress chez les brebis qui provoque des avortements en grand nombre. Certaines brebis ne prennent plus le bélier, les troupeaux sont difficiles à rassembler… En bref, ces contraintes imprévisibles génèrent, non seulement des pertes financières mais également un souci, une préoccupation de tous les instants chez les bergers. Ces derniers sont d’ailleurs irrités que l’on mette en avant, dans le plan loup, les seules indemnités qui ne comblent absolument pas les pertes réelles. La preuve des attaques du loup n’est jamais une évidence pour les « autorités », même lorsque le berger atteste avoir vu l’animal s’approcher du troupeau. Bruno Seryies a sans doute évité une attaque : il a surpris le loup, au milieu de la journée, à une quarantaine de mètres de lui, proche d’un groupe de brebis isolées, dans la posture d’un animal se préparant à l’attaque. Ses sifflements, ses cris, l’appel des chiens ont fait fuir l’animal mais le troupeau a gardé longtemps en mémoire cet épisode.

https://fr-fr.facebook.com/ContreLeRetourDuLoupEnLozere

Longuement, les bergers ont parlé des obligations qu’imposent la présence du loup : changer les habitudes en évitant la dispersion du troupeau dans la journée, en évitant de laisser le troupeau manger la nuit, ce qui est fréquent lorsque la chaleur est au maximum aux mois de juillet et août, doubler la garde du troupeau, rentrer les brebis chaque soir, pratiquer un comptage plus fréquent… Autant de contraintes qui prennent du temps qui ont une incidence sur la vie familiale, qui rajoutent de la présence au plus près du troupeau. Et que dire des perspectives de développement ou de passation des exploitations. Les jeunes générations accepteront-elles de s’installer avec des ovins ? Certains songent déjà à ne plus venir en estive : «Une catastrophe pour notre territoire !», souligne Sophie Pantel. « Des espaces naturels qui se fermeraient, un patrimoine et des coutumes ancestrales qui disparaîtraient et une perte économique qui s’étendrait bien au-delà du seul secteur Mont Lozère ».

Face aux interrogations des bergers, les réponses sont difficiles à apporter. La seule prise en charge financière des brebis reconnues tuées par le loup ne suffit pas. Les aides pour les clôtures, grillages, alarmes sonores, entretien des chiens « Patou » ne sont qu’un palliatif à court terme : le loup s’adapte ! Ces moyens sont par ailleurs inadaptés dans le cadre de l’élevage en zone de moyenne montagne. Il y a urgence à reposer la question du loup sur ce territoire ou le maintien du pastoralisme est indispensable car, aujourd’hui, le loup n’est plus un animal en voie de disparition. Il convient aussi de pouvoir laisser les éleveurs tirer, y compris en zone cœur du Parc National, pour défendre leur troupeau.


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