lundi 1 décembre 2014

LOUP, MERCI Stéphane Blakowski et France Inter

UN PEU D'HUMOUR AU MILIEU DE LA DÉTRESSE DE CEUX QUI SUBISSENT LA PRÉDATION,
et pire, la vindicte d'une population qui n'accepte aucune des contraintes liées à la cause du loup!

version acoustiqueCE MATIN JE CRIE AU LOUP, SUR FRANCE INTER
3 petites minutes  pour comprendre avec humour et philosophie

Version littéraire:

Selon un sondage IPSOS de l'an dernier, 80 % des Français refusent qu'on tue des loups sous prétexte qu'ils bouffent les moutons. Quand un mouton se fait égorger, c'est le loup qui passe pour la victime. Autant dire que si La Fontaine avait écrit sa fable du "Loup et l'Agneau" à notre époque, c'est sans doute l'Agneau qui tiendrait aujourd'hui le rôle du salaud.

Qui te rend si hardi de fouler mon pâturage ?
Dirait l'agnelet plein de rage :
Tu seras châtié de ta témérité.

- Sire, répondrait le Loup, que votre Majesté
Ne se mette pas en colère ;
Mais plutôt qu'elle considère
Que je me vais promenant,
Discrètement,
Plus de vingt pas au-dessous d'Elle,
Et que par conséquent, en aucune façon,
Je ne fais de tort aux moutons

Évidemment, on imagine la réponse du mouton : « Si ce n'est toi, c'est donc ton frère », et Bam ! Il collerait une balle dans la tête du Loup sans autre forme de procès.
Dans le conflit ancestral qui oppose le loup aux moutons, les Français ont désormais pris le parti du loup. Faut reconnaître que c'est plus valorisant de s'identifier à un grand prédateur  plutôt qu'à un animal aussi grégaire, docile et inoffensif que le mouton.
Pourtant, nos vies ressemblent bien plus à celles des moutons qu'à celles des loups. Tous les matins, on part en troupeau jusqu'au boulot. Bien serrés les uns contre les autres dans le métro, ou collés pare-chocs contre pare-chocs dans les bouchons. Au bureau, on accomplit docilement notre tâche et le soir on rumine, on rumine, on rumine sans relâche nos soucis avant de s'endormir. Si on ajoute qu'une fois par trimestre on se fait tondre par les impôts, faut admettre que la vie de l'homme moderne est très proche de celle du mouton.

Sacré mouton ! Même s'il a la réputation d'être très con, on est tout de même étonné d'entendre bêler tout le troupeau pour prendre la défense de son ennemi héréditaire.
Faut dire qu'aujourd'hui, plus personne n'a peur du loup. Dans les histoires qu'on raconte aux enfants, les loups rêvent de devenir végétariens pour ne pas manger leurs copains les lapins.

La seule occasion de voir un loup en vrai, c'est quand on est vautré dans son canapé. À force de zapper, on tombe parfois sur un documentaire animalier où l'on voit une meute de loups qui dévore un cerf ou une biche. Dans ces cas-là, on frissonne un peu et puis on se lève pour aller prendre un yaourt dans le frigo. Parce que nous aussi on est des grands fauves, nous aussi, on a faim.
En fait, les grands prédateurs, on les adore à la télé. Sauf qu'en vrai, c'est une autre histoire. L'autre jour en Seine-et-Marne, il a suffi d'un gros chat pour semer la panique dans tout le département. Pour traquer le fauve, on a mobilisé une centaine de gendarmes, un hélicoptère, les enfants n'avaient plus le droit d'aller à l'école et les médias nationaux ont fait leur gros titres avec cette histoire. Mais quand près de 300 loups se baladent en France et tuent plus d'un millier de moutons par an (déjà plus de 8000 pour 2014 ndlr), on conseille aux bergers de garder leur sang-froid et de ne pas s'énerver pour si peu. Alors du coup, quitte à me mettre à dos 80% du troupeau, j'ai une pensée pour les bergers désemparés face aux attaques des loups.
Stéphane Blakowski
Une brebis rescapée et son berger



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