lundi 14 novembre 2016

LOUP, LPO, ÉLEVEURS, BIODIVERSITÉ, UN DIALOGUE DE SOURDS

Ce samedi 12 novembre, sur le marché de Die, devant le stand de la LPO tenu par deux jeunes filles qui n'en croient pas leurs oreilles lorsque je leur récite les affirmations de leur association,...

" «Écologiquement, la montagne n’a pas besoin de moutons Les éleveurs ont besoin d’alpages, mais l’inverse n’est pas vrai. L’idée que le bétail serait utile pour " entretenir " la montagne renvoie à une image symbolique de celle-ci, mais ne correspond à aucune réalité biologique ou écologique. »
«Dans les Alpes du sud, la richesse floristique est parfois plus grande sur les pistes de skis que dans les pâturages !»

                   ... un élégant personnage s’intéresse à la discussion avec des arguments qui montrent sa connaissance du milieu Naturel. Ce qui me pousse à lui demander d'ou lui vient cette érudition?

Il m'explique "qu'il a toujours été intéressé par le sujet de la biodiversité" et fini par me confier qu'il " est le président de la LPO Drome."

Lorsque nous en arrivons au retour des loups dans les zones d'élevage, son discours se fait plus directif.


D'entrée il me cite la référence en matière de désinformation qui consiste a dire que  "malgré la crise de l’élevage Ovin, les régions de plaine ont perdu une grande majorité de leurs élevage alors que le pastoralisme se maintient dans les régions ou sévit le loup."


Pour en avoir discuté avec les éleveurs concernés, il est évident que la filière ovine est en crise, mais citez moi une filière qui se porte bien en France? Les éleveurs des zones agricoles ou la reconversion est possible le font si ils le souhaitent. Mais dans nos montagnes du Diois, ou la terre est aride, permettant un pâturage propice au développement des agneaux de qualité, dans le respect des animaux et de la nature, le reconversion est impossible. Ceci expliquant cela, ce n'est donc pas grâce aux loups que l’élevage se maintient dans nos montagnes. Au contraire, si l'agneau s'est maintenu jusqu’à ces dernières années dans les Alpes, le poids de la prédation est en train d'inverser la situation.


Puis, il m'explique : "en Espagne, il y a plus de 2000 loups et  les éleveurs ne s'en plaignent pas/.../ je me rends souvent dans les Asturies ou cela se passe bien" 
 6eme loup retrouvé décapité cette année dans les Asturies, ou les attaques sont constantes. Le loup a tué 800 chèvres l'année dernière dans les AsturiesLe Maire d'Onis (Asturie)est prêt à embaucher des gens pour chasser les loups...

Et comment expliquer que le 4 février, Le WWF a lancé la marque "territoire pour le loup" (on ne parle plus de cohabitation?ndlr) campagne avec une pétition en ligne demandant l'appui du public pour arrêter les persécutions sur cette espèce qui menacent sa survie dans de nombreuses parties de l'Espagne!  http://www.efeverde.com/noticias/wwf-firmas-lobo/

Puis comment expliquer que l'état s'est vu dans l'obligation de créer des brigades cynophiles pour chercher les boulettes empoisonnées destinées aux loup? https://drive.google.com/open?id=0B9HT6mzNQ__VV3ZzX2lyT1JPUmc

Comment expliquer aussi que le 5 février, plus de 300 agriculteurs se sont concentrés, aux portes de la délégation territoriale de la Junta de Castilla y Leon Avila afin de rejeter la présence du loup en raison des pertes qu'ils causent dans les élevages ?  http://www.abc.es/espana/castilla-leon/abci-cientos-ganaderos-exigen-enviar-lobos-reservas-201602051739_noticia.html

A savoir, en Espagne aucune statistique sur le nombre de loups n'est disponible.
À lire aussi, un certain nombre de chose que vous devez savoir à propos des bergers et du loup dans les Asturies.
https://drive.google.com/open?id=0B9HT6mzNQ__VM2lsUmlrQ0NnT3c


Ensuite, dans la foulée,  il m’explique que "en Italie, les éleveurs s'en sortent bien avec le loup."
Mais alors comment expliquer que le directeur de la fromagerie de Manciano nous affirme que depuis le retour des loups dans sa province de Grossetto en Toscanne, les coopératives laitière, voient leurs activités compromises par la baisse du lait de qualité, aujourd’hui en partie remplacé par un lait moins aromatique de brebis enfermées dans des abris nocturnes et mangeant du foin? "On a créé un système contre nature et contre tout bon sens : les brebis sont à l’intérieur et les loups ... au pâturage."

Et comment expliquer aussi que Le nouveau plan 2015 pour la conservation du loup en Italie souhaite « resserrer les boulons » : une surveillance et/ou restriction du pâturage en semi-liberté, en particuliers dans les alpages, plus de protection pour les troupeaux, de meilleures indemnisations pour les éleveurs, plus de surveillance et répression de la solution à l’italienne pour limiter les loups (braconnage)?


 À lire, pour ceux qui veulent se documenter, des traduction de textes Italiens issus d'éleveurs, de bergers, d'associations, mais aussi de scientifiques, sociologues, et instances officielles traitant du loup en Italie.      LE LOUP DES VOISINS  


Puis le Président de la LPO m'expose "la formidable expérience du parc de Yellowstone " : Parc dans lequel nous n’y trouvons ni ville ni village comme ils s'en trouvent dans nos montagnes et parcs français. Le loup a été introduit sous prétexte de diminuer la faune sauvage en pleine expansion, puisque les indiens natifs du pays, qui y résidaient probablement depuis plus de 11 000 ans, furent expulsés pour y "protéger la nature".    Comment comparer un parc ou, en dehors du tourisme, toute activité sociale est prohibée, avec les milieux ruraux de pays à forte densité humaine dont les distances entre les élevages excédent rarement 2 km à vol d'oiseau? Derrière cette vue tronquée par l'idéologie se profile l'idée de l'ensauvagement de nos terre dans le mépris le plus total de ceux qui ont choisi de vivre de et avec la nature, en dehors des exactions de nos sociétés. Une vision de la nature qui en dit long sur les arrières pensées des écologistes fondamentaux.


Poursuivant sur les USA, notre écologiste convaincu ne peut s’empêcher de citer le film sur les fameuses "rivières changées par les loups" : Arthur Middleton de l'University of Wyoming (Ecology),et de Yale University (Biodiversity and ecosystems) et d'autres scientifiques américains, constatent que les affirmations selon lesquelles les loups changent les écosystèmes ne sont pas aussi évidentes que veulent nous le faire croire certains écologistes» 
Ce film de propagande d'une région sauvage artificielle sans activité humaine, ne se revendique d'aucun soutien scientifique. Au contraire, David Mech grand promoteur des loups dans le Yellowstone, publie une vigoureuse mise en garde dans un article scientifique intitulé : "La science est elle en danger de sanctification du loup ?" À la lecture de ses analyses, sa réponse est à l’évidence oui. 
Nicolas Lescureux, Docteur en Ethnoécologie au CNRS et John D.C. Linnell, Scientifique pro loup, remettent les pendules à l’heure: "Dans la mesure où la plupart des études étaient réalisées dans des zones très peu peuplées, ces animaux ont été associés à la nature sauvage. Des interprétations abusives de résultats scientifiques ont conduit à une propagation de demi-vérités sur le rôle d’espèce ‘clef de voûte’ du loup, et sur ses capacités à s’autoréguler.." : cf "Les montagnes derniers refuges des grands prédateurs". 
Des demi-vérités que certains s'empressent de transformer en vérité première.


Retour en Italie,pour parler des Abruzzes ou il connait des éleveurs satisfait de la situation : Pourtant dans les Abruzzes, souvent cités en exemple, la transhumance à disparu, l’élevage ovin s’effondre. Seuls y résistent les plus gros troupeaux conduits par des bergers "extracommunautaires" aux conditions de travail difficilement tolérables, méthodes d'un autre siècle. Depuis 1976, année de la protection des loups en Italie, les Abruzzes ont perdu 80% de l’élevage Ovin. 
"Il y a seulement 50 ans, il y avait des millions de brebis sur ces pâturages et sur nos drailles." affirme Nunzio Marcelli, président de l'Arpo, Association Régionale de Producteurs Ovicaprins

Quand l’inconscience devient pathétique: il m'avoue "qu'il connait un éleveur qui, lorsqu'il a des animaux blessés, les amène dans la montagne pour que les loups puissent les manger, espérant ainsi les rassasier". Ce spécialiste de la nature ne se pose pas la question de savoir que, en agissant ainsi, cet éleveur dresse les loups à manger du mouton.

Encore une preuve, si il en fallait une autre, de la méconnaissance du sujet, mais plus encore de l'aveuglement  de ceux qui se prétendent les sauveurs de la biodiversité, n'hésitant pas à faire passer les acteurs ruraux pour obscurantistes incapable de comprendre l'importance de sauvegarder leur outils de travail.


Le saviez vous? En France, 84 % des surfaces classées en " haute valeur naturelle " correspondent à des zones d'élevage en plein air. CNRS

Ceux qui ne subiront jamais l'ombre d'une contrainte liée à la prédation,  iront même jusqu'à laisser sous entendre que ceux qui  refusent le loup dans les zones d'élevages traditionnel et respectueux, "obligent la société à vivre comme au 19eme siècle." 

C'est pourtant bien le loup qui nous oblige, nous éleveurs et bergers à vivre comme au moyen age, pendant que ses défenseurs se pavanent en débitant des contre vérités qui ne servent que les intérêts de ceux qu'ils sont censé combattre : " La politique de sauvegarde de l'environnement adoptée par la CEE a été très largement dictée par des lobbies en apparence très engagés dans la protection de la Nature mais qui se révèlent être tout aussi souvent le bras armé des sociétés les plus polluantes d'Europe et de la planète." Jean Lassalle



 La protection de la nature devient un marché particulièrement juteux. Cette enquête raconte l’histoire de la mainmise économique et bancaire sur les ressources vivantes à l’échelle planétaire, une véritable entreprise de prédation.
LOUP,LA FACE CACHÉE DES DEFENSEURS DE LA NATURE

Selon une étude du CERPAM et de l'Institut de l'Élevage, le loup induit 7 heures de travail supplémentaire par jour pour un berger en Alpage, et selon la logique des écologistes, le loup est une manne nourricière pour ses défenseurs.


2 commentaires:

  1. Article bien documenté.
    Nicolas Lescureux, Docteur en Ethnoécologie au CNRS et John D.C. Linnell, Scientifique pro loup, remettent les pendules à l’heure: "Dans la mesure où la plupart des études étaient réalisées dans des zones très peu peuplées, ces animaux ont été associés à la nature sauvage. Des interprétations abusives de résultats scientifiques ont conduit à une propagation de demi-vérités sur le rôle d’espèce ‘clef de voûte’ du loup, et sur ses capacités à s’autoréguler.." La référence du texte est bien "Les montagnes, derniesr refuges des grands prédateurs " ???
    Merci

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    1. La multiplication des études et surtout leur diffusion sous
      forme vulgarisée au grand public a contribué à rendre cet animal populaire, mais a aussi conduit à la propagation d’idées fausses ou incomplètes auprès d’un public de plus en plus urbanisé. Dans la mesure où la plupart des études étaient réalisées en Alaska ou dans des zones très peu peuplées, ces animaux ont été associés à la nature sauvage. Des interprétations abusives de résultats scientifiques ont conduit à la propagation de demi-vérités sur le rôle d’espèce «clef de voûte» du loup, sur ses capacités à s’autoréguler ou encore sur le fait qu’il ne s’en prenne aux animaux domestiques qu’en l’absence de proies sauvages.
      Elles ont également conduit à considérer que les loups ne pouvaient supporter les zones d’activités humaines intenses et évitaient de s’y installer. Cette image idéalisée du loup a entraîné la multiplication des associations de défense et de protection du loup, aux États-Unis puis en Europe, et a servi de base à une vaste campagne de réhabilitation de l’animal.
      Lescureux, Linnell: Les montagnes, derniers refuges des grands prédateurs? page 199 http://www2.arc.usi.ch/2010_12_labi_rivista.pdf

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