vendredi 8 décembre 2017

LITTÉRATURE : "MORT D'UN BERGER"


Par Franz-Olivier Giesbert, Gallimard

Je viens de lire "Mort d'un Berger".


- Outre la poésie et la qualité de l'écriture pour décrire ce que nous ressentons et vivons quotidiennement au sein de nos montagnes,
- Outre la justesse du ressenti affectif que nous portons à notre pays, à nos animaux, à nos proches, à notre mode de vie….

La question qui nous brûle les lèvres à la lecture de ce roman est : Comment l'auteur a t-il pu cerner avec autant de justesse, de réalisme et d'objectivité, la problématique du retour des loups dans nos zones d'élevage ?

En effet, la biologie du loup et l'éthologie du monde rural confrontés à la prédation ont été réécrit par des environnementalistes, qui n'ont tenu aucun compte du partage des connaissances et du vécu des éleveurs et bergers confrontés à la réalité. Tout ceci est remarquablement illustré dans le personnage de Thomas Bergasse, représentant les associations de défense du loup.

Certains nous accusent d’être des obscurantistes dépassés par le modernisme, d’être malveillants pour la biodiversité et d’être grassement subventionné. Ils nous reprochent de transformer l'or en plomb puisque nous avons du mal à joindre les 2 bouts. Ces « bienveillants » n'ont pas compris que les subventions servent à préserver leur budget, afin de faire tourner l'économie marchande, au mépris de ce qui est vital.
De fait nous transformons les subventions en vie sociale, économique, culturelle et environnementale dans nos communes.

Dans ce roman, vous retrouverez toute la richesse de la Vie, la poésie, l'amour de la nature, la sagesse et aussi le quotidien sain et rude de nos ruraux. Des ruraux qui ont choisit de vivre au pays envers et contre toute attente de la majorité de ceux qui dans nos villes se morfondent et se prêtent à rêver d'une nature contre nature.
______________________________

 Parfois le vieux berger s’arrêtait de respirer. Il se retirait d'ici bas pour retrouver la vérité du monde. Ce quelque chose qui naît de rien et ce rien, de quelque chose. 

Le vieil homme s'approcha du muet, le regarda droit dans les yeux, puis , quand il crut comprendre ce qui s'était passé, tourna la tête et s'adressa au défenseur du loup :
« on vous laissera partir quand vous nous aurez dit à quoi on reconnaît une ânesse en chaleur.
_Pardon ?
_Vous avez bien entendu
/…/
_Comment voulez vous que je le sache ?
_Réfléchissez.
- Je ne sais pas moi. Je ne suis pas un spécialiste des ânes, mais des loups/…/
/.../ Je donne ma langue au chat.
_Eh bien vous êtes plus con qu'un âne bâté, parce que même lui, figurez vous, il sait reconnaître une ânesse en chaleur. »

Aujourd'hui les gens ont trop à faire dans leur fourmilière. Le ciel étoilé est une perte de temps. Ils n'ont aucune idée de l'au-delà…

Avant de perdre connaissance, Marcel Parpaillon avait vu l’œil avide du loup...Il avait ouvert la bouche pour crier quelque chose, mais il n'en sortit que des borborygmes, couverts par les cris d'épouvante de la moutonnaille.
_____________________________

La vie rurale, la poésie, l'amour, l'intrigue, le suspense, le rebondissement, le troupeau, les chiens, le loup….tout est si bien mené que l'on a du mal à quitter la lecture.

_____________________________

Nous sommes tous des poussières d'étoiles. On prend toutes sortes de formes, des airs importants et des chemins variés, mais on reste un petit tas d'acides aminés qui pantelle dans l'infini. Parfois, une lueur qui clignote, longtemps après que la flamme a été soufflée.

Quand elle ne s'éteint jamais, c'est un berger. 

Un cadeau pour les fêtes de fin d'année qui touchera les jeunes en quette d'identité, et les anciens aujourd'hui oubliés de tous.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Pour ceux qui veulent commenter mais qui n ont pas de compte, vous pouvez communiquer en tant qu'anonyme. Merci de mettre un pseudo en cas de conversation suivie.