vendredi 15 décembre 2017

LES MESURES DE PROTECTION CONTRE LE LOUP : UN RÊVE OU UNE RÉALITÉ?

À l'heure ou l'administration Française envisage de conditionner les indemnisations des attaques à la mise en place des mesures de protection, il est bon de faire un tour d'horizon sur le sujet:

-La présence humaine :
Document construit à partir des données fournies par les services de l’Etat : ONCFS, DREAL RH, DDT 26
"Avec le déplacement des attaques des estives vers les parcours, la proportion de demandes pour protéger les petits troupeaux est croissante."
"Les attaques se produisent de jour comme de nuit .... La proportion d’attaques en pleine journée ne cesse de croître. Des attaques qui se produisent malgré la présence de bergers et de chiens de protection."
L'homme n'étant plus considéré comme un prédateur, de nombreux témoignages attestent des attaques de loup en présence des bergers, ou comme on l'a vu à Chichilianne dans l'Isère, le loup est venu achever la brebis sur le balcon de la ferme.
Déclaration de l'ONCFS : "...le troupeau de Cipières dans les Alpes-Maritimes, déjà attaqué 40 fois depuis le début de l’année 2017...il a été fait appel à la brigade nationale loup en complément des mesures de protection mises en place par l’éleveur : chiens de protection présents lors de l’attaque, gardiennage renforcé, parc de regroupement nocturne."

-Les parcs de regroupement pour la nuit :
Les parcs de nuits sont une aberration tant du point de vue du bien être des animaux que de celui de la préservation de la pelouse détruite par les incessants allers et retours. Sans parler de la concentration des déjections qui engendre une importante pollution.






Dans la nuit du 18 au 19 septembre, à la station de Valdrôme , le loup a attaqué à l’intérieur d’un parc de nuit électrifié doté de protections supérieures à celles préconisées au sein du Groupe national loup : 1,60 mètre de haut, 8 fils galvanisés fortement tendus avec retour extérieur, électrificateur surpuissant sur secteur. Un dispositif renforcé par deux chiens mais également par l’autorisation de tirs de défense. 


 












-Les chiens de protection
"les chiens de protections sont efficaces si ils sont là pour rappeler au prédateur qu'il ne peut s'approcher sans risques; cela ne fonctionne plus si loups et patous se côtoient toutes les nuits autour du troupeau. " cf Laurent Garde-France agricole 3595 page 10. 12 juin 2015
Il y a aujourd'hui officiellement plus de 3000 chiens de protection dans les Alpes et certainement beaucoup plus, pourtant les attaques ne cessent d'augmenter. Ces chiens sont de véritables problèmes ambulants pour les randonneurs mais aussi pour la faune sauvage. Marmottes, perdrix, lièvres, mais aussi chevreuils, chamois... sont victimes des chiens de protection.
Exemple d'un élevage ayant mis en place chiens de gardiennage et parc de nuit ; Septembre 2013 : Un ou plusieurs loups ont attaqué le troupeau protégé par des chiens d'un berger du Val d'Entraunes, dans le 06. Sur les sept chiens, six ont été mis hors d'état de protéger son troupeau…






chien blessé au combat








-Les études de terrains :
" Nous enseignons au loup qu’il ne risque rien s’il s’approche de l’homme et de ses troupeaux. Les premières années, les loups n’attaquaient que la nuit, il était rarissime qu’un berger le voit, et il aurait été impensable qu’il approche des maisons. Mais c’est comme le rat en laboratoire. Si vous mettez la récompense, même si vous multipliez les difficultés, vous apprenez au rat à les surmonter pour atteindre la récompense. 
Les moyens de protection ne sont que des obstacles que le loup apprend à déjouer pour atteindre la récompense." cf Laurent Garde, écologue au CERPAM




- Aperçut exhaustif des gadgets proposés par les défenseurs du loup
  • Le "système Fladry" , (des bandes suspendues au fils des parcs) Ce système était utilisé au moyen-âge pour rabattre les loups poursuivis par les louvetiers vers les pièges de captures ! Une différence tactique de taille utilisée entre un loup poursuivi et stressé et un loup affamé qui cherche la faille du système, et qui la trouvera, comme le précisent les éleveurs des USA qui ont utilisé le système sur des bovins : "efficacité de quelques heures à quelques jours, voire 2 mois"
  • Les fox lights utilisés à l'origine en Australie contre les renards. Recommandation du fournisseur pour un parc de 1 ha : 266 fox ligths à 100€ = 26 600€ . Remplacement de la pile tous les 4 mois : 3990€ par an
  • Le Monitoring qu'il faut placer sur la brebis, censé avertir le berger en cas d'augmentation de fréquence cardiaque. Imaginez le berger tiré de son sommeil parce que la brebis aura fait un cauchemar, ou ne trouvera plus son agneau, ou se sera fait peur ! Sans oublier la période des chaleurs ou s'ensuit de fortes augmentations de la palpitation du cœur de ces dames !
  • Le collier répulsif, un collier censé larguer un gaz répulsif sur un prédateur, affamé, en train d' attaquer, bourré d'adrénaline et en pleine frénésie.

Actualité : chez un éleveur ayant expérimenté différentes solutions "miracles" : "Quatre systèmes équipent une parcelle de 5 ha et demi environ. Or ils n'ont pas permis d'éviter une nouvelle attaque du loup au cours des dernières quarante-huit heures.
Particularité cette fois-ci : l'attaque a été perpétrée dans une parcelle équipée de "fox light"cf l'Est Républicain



En définitive, que ce soit en France ou chez nos voisins, le constat est le même. Le loup, et c'est tout à son honneur, est un animal intelligent. Poussé par les affres de la faim et muni d'une surprotection par des instances Européennes plus intéressées par les accords de libre-échange que par le pastoralisme traditionnel, il se débrouille toujours pour déjouer des mesures de protection de plus en plus sophistiquées et difficiles à mettre en œuvre.
De plus aucune aide n'est prévu pour les élevages autres que Caprins et Équins.

Une étude faite par l'INRA arrive à ces conclusions: 

  • La mise en œuvre de la protection modifierait le fonctionnement et les performances des élevages, les plus pâturants étant les plus impactés ; elle alourdirait le travail des éleveurs et nécessiterait le recours à du salariat ;
  • Les scenarii de repli important ou total en bergerie impacteraient très fortement la viabilité économique des élevages ;
  • A l’échelle du périmètre et pour protéger tous les lots d’animaux au pâturage, 3 400 kilomètres de clôtures fixes, 2 850 chiens et 74 salariés seraient nécessaires ;
  • Le coût annuel moyen de la protection par élevage serait de 24 000 euros (scenario conduite de troupeau non modifiée) ou 20 000 euros (conduite de troupeau modifiée a minima, afin de réduire les coûts de protection) ;
  • Compte tenu de la prise en charge partielle par le plan loup 2013-2017 du coût de protection, entre 25 et 40 % des élevages laitiers seraient sous le seuil de viabilité économique ;
  • La mise en œuvre de la protection dans les élevages aurait des conséquences néfastes sur les paysages et la biodiversité inféodée aux milieux ouverts, ainsi que sur la dynamique agricole locale.
Une étude faite en Bavière est encore plus significative : 
 l'estimation du coût de la sécurisation de tous les troupeaux présents sur son territoire et présentant un risque de prédation au loup:  ovins, caprins et jeunes bovins / équins.:
  • 57.405 km de clôture nécessaire
  • un investissement de 327 millions € 
  • un coût annuel de 35 millions € -
 http://www.lfl.bayern.de/.../informationen/177337/index.php 

A LIRE AUSSI, UN ARTICLE PRÉCURSEUR écrit en 2013

LES CLÔTURES CONTRE LE LOUP!




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