Préface d'Ouragan:
En
avant première, un article qui remet lui aussi les pendules à
l'heure, un résumé en quelque sorte de la plupart de mes articles ou de mes commentaires sur le web, ce qui n'est pas chose facile face aux intégristes
qui sont prêt à sacrifier le pastoralisme, mondialement reconnu comme promoteur d'une biodiversité riche et prolifique!
Vous pourrez y découvrir (dans cet article ainsi que dans ceux du blog) l'acharnement et les subtilités que mettent les défenseurs du loup pour éradiquer le pastoralisme et pour vénérer comme je le dit dans l'introduction de mon blog : ""le
culte du tout sauvage". Culte qui nous conduit vers une société
dans laquelle tout est planifié pour servir des lobbys dont
le but est la stérilisation de nos vies par, entre autre, la
perte de savoir faire ancestraux et sages, afin d'avoir la main mise
sur l'indépendance des peuples."
A propos du loup
Les
partisans de Canis lupus en conviendraient-ils
enfin ? La cohabitation du loup et de l’agneau, sa proie, est
un leurre. Faudrait-il en déduire, comme la morale de la
fable, que « la raison du plus fort est toujours la
meilleure » ? En vertu d’une wilderness fantasmée,
dont le loup serait le héros, devra-t-on « éliminer »
des alpages brebis et bergers, gêneurs d’une harmonie
naturelle ?
En
juillet dernier, les lieudits des Pales et La Lavine, au cœur du
Parc national des Ecrins, ont été le théâtre
quasi quotidien d’attaques lupines répétées,
en dix jours cent cinquante brebis lacérées, massacrées
ou précipitées dans les combes. Du jamais vu en
Hautes-Alpes jusque-là.
Les
agents du Parc savent qu’un, voire des loups errent dans ces
parages où pâturent nombre de troupeaux. A défaut
de tirs de prélèvement - comprenez abattage au fusil
-les responsables de l’établissement public, en accord avec
leur comité scientifique, déclenchent une action
d’ « effarouchement » afin d’éloigner
les prédateurs de cet espace classé « montagne
pastorale ». Ainsi, un matin de juillet, une trentaine
d’agents équipés de pétards explosifs font
mouvement, puis lancent une battue sonore de quelques heures.
Les
associations protectrices du loup émettent aussitôt des
protestations indignées. Dans un communiqué conjoint,
Aspas et Ferus dénoncent une « opération
honteuse et gravissime ». « La vocation
première d’un parc national, s’insurgent-elles, est la
protection de la nature. Comment justifier qu’une espèce
protégée, utile à la bonne santé de nos
écosystèmes, soit exclue de zones censées
constituer des refuges pour la biodiversité ? »
Ainsi fustigés, les gestionnaires des Ecrins rappellent qu’en
l’occurrence ils ne font qu’appliquer les fondements
mêmes d’une Charte adoptée par décret du
Conseil d’Etat après avis favorable du Comité
national de protection de la nature. Celle-ci prévoit que les
missions de préservation s’étendent aussi à
certaines formes de pastoralisme « reconnues comme une
priorité dans le maintien et l’équilibre des grands
espaces et des espaces ouverts, avec toutes les espèces ou
cortèges d’espèces liés à ces
habitats ». Cet effarouchement découle donc des
parades de prévention à l’encontre du dommage des
grands prédateurs.
Qu’à
cela ne tienne, renchérissent les défenseurs du loup
dans un communiqué : « Puisque tout le monde
s’accorde pour considérer que prédation et
pastoralisme sont incompatibles, commençons par le plus
évident : déclarons les parcs nationaux zones
d’exclusion totale pour toutes les activités pastorales ! »
Depuis
vingt ans, non sans arrogance, les protecteurs de Canis
lupus prétendaient
qu’une cohabitation meutes/troupeaux harmonieuse était
possible en alpages, antienne reprise à l’unisson par les
pouvoirs publics. La réapparition du loup, cette aubaine selon
ceux-ci, favoriserait l’évolution, la modernisation des
métiers pastoraux ; aucune inquiétude, les
prédateurs seraient maintenus à l’écart grâce
aux clôtures électrifiées, un gardiennage
renforcé et des chiens de protection.
Depuis
vingt ans, éleveurs et bergers se sont adaptés,
quitte à transgresser la manière même de leur
métier. Las...
La
Direction départementale des territoires des Alpes-Maritimes,
où la prédation des loups devient explosive, en
convient : en 2013, la totalité des troupeaux attaqués
était bien « protégée »
selon les consignes imposées par les règlements ;
constat identique dans les Alpes-de-Haute-Provence, où 87% des
troupeaux victimes du prédateur respectaient parfaitement les
normes récentes. Pour mémoire, notons que, cette même
année, 6786 brebis étaient la proie des loups…
« Le
loup habitera avec l’agneau, un enfant les conduira, leurs petits
dormiront ensemble et le loup mangera du fourrage comme le bœuf. »
A l’évidence, cette prophétie d’Isaïe tient du
rêve. A moins que les généticiens n’inventent
un loup herbivore…
Les
naturalistes lycophiles ne sont dupes de rien, l’ont-ils jamais été
d’ailleurs ? Deux d’entre eux, réputés
« spécialistes du loup » (France-Inter
4/4/2012), le vétérinaire François Moutou de la
Société pour l’étude et la protection des
mammifères et Pierre Jouventin, éthologue CNRS,
s’expriment de conserve : « La question, interroge
le premier non sans cynisme, est de savoir si le pastoralisme est
encore compatible avec les dangers de la montagne, le bien-être
des troupeaux qui peuvent rencontrer des situations imprévues. »
Définitif, le second surenchérit : « Les
éleveurs devront abandonner le métier, de toute manière
ils n’arriveront pas à se débarrasser du loup, il y
en a partout, ils débarquent de toutes les frontières. »
Que
bergers et troupeaux, ces intrus, déguerpissent des alpages,
que les brebis regagnent les bergeries des fonds de vallées,
qu’elles se satisfassent, comme les porcs bretons gavés en
batterie, de leur destin de machine à viande !
Proches
du désespoir devant une partie qui semble perdue, des
centaines d’éleveurs de l’Alpe envisagent de renoncer.
Certains, à chaque saison, subissent quarante, voire cinquante
attaques de loups. D’autres, encore dans la force de l’âge,
résistent mais s’interrogent, la mort dans l’âme :
qu’adviendra-t-il des successions, quels jeunes dans pareilles
conditions poursuivraient-ils le grand métier ? Sans
oublier les quartiers de moyenne montagne ensauvagés, les
paysages abandonnés à la friche proliférante, la
forêt inéluctable. N’est-ce pas ce qu’escomptent les
militants du loup qui prônent l’ensauvagement des
territoires, à l’instar du Large Carnivore Initiative for
Europe, ces lobbyistes qui à Bruxelles assiègent la
Direction générale de l’environnement afin de peser
sur l’élaboration de directives favorables au loup et aux
grands prédateurs ?
Est-ce
là l’avenir des massifs alpins destinés à
devenir de vastes sanctuaires dépourvus d’hommes, où
la nature rendue à elle-même étendrait son
empire ? Au profit des divagations de Canis
lupus et des plaisirs exclusifs de l’écotourisme...
Anne
Vallaeys
Auteur
de : Le
Loup est revenu (
Éditions Fayard)
A lire aussi, quelques unes des remises à l'heure dans "le loup dans le haut diois"