Les troupeaux transhumants sont arrivés sur les pentes du
Mont Lozère depuis quelques semaines, avec discrétion
car les transports routiers ont le plus souvent pris le pas sur la
montée en estive par les drailles. Mais le spectacle est
toujours au rendez vous lorsque l’on découvre ces milliers
de brebis se déplaçant tranquillement au rythme de leur
recherche d’herbe toujours plus fraîche. Ce spectacle ne sera-t-il
qu’un souvenir dans peu de temps ? Voila la question que se
posent les bergers sur le Mont Lozère et bien au-delà.
En cause, l’apparition du loup autour des troupeaux quelques jours
à peine après la mise en estive.
Sophie Pantel, Conseillère générale,
Vice-Présidente du Conseil Régional ayant en charge
l’élevage, accompagnée d’Alain Jaffard, Maire du
Pont de Montvert, de son Adjoint François Folcher et de
Jean-Paul Velay, Maire de Saint Maurice de Ventalon a tenu à
rencontrer les bergers pour les assurer de son soutien en prenant la
mesure de leurs craintes et des dégâts subis.
Les groupements pastoraux sont nombreux sur le Mont Lozère :
Bellecoste, l’Aubaret, La Vialasse, Le Mas de la Barque, Altier…
Près de huit mille brebis pâturent sur ce domaine. Les
échanges avec Frédéric Cambon ou Bruno Seryies,
bergers aguerris et soucieux de l’avenir ne laissent planer aucun
doute : le loup est une menace à prendre en compte
rapidement car l’activité pastorale, dans son ensemble est
touchée et le moral des bergers de la même manière.
Lorsque l’on parle des brebis ou des agneaux blessés ou
mangés directement par le loup, les chiffres paraissent
dérisoires pour le profane. Ce que les bergers veulent faire
comprendre, c’est la perturbation générée sur
l’ensemble du troupeau : l’attaque d’un loup ou seulement
l’approche du troupeau par l’animal engendre un stress chez les
brebis qui provoque des avortements en grand nombre. Certaines brebis
ne prennent plus le bélier, les troupeaux sont difficiles à
rassembler… En bref, ces contraintes imprévisibles génèrent,
non seulement des pertes financières mais également un
souci, une préoccupation de tous les instants chez les
bergers. Ces derniers sont d’ailleurs irrités que l’on
mette en avant, dans le plan loup, les seules indemnités qui
ne comblent absolument pas les pertes réelles. La preuve des
attaques du loup n’est jamais une évidence pour les
« autorités », même lorsque le
berger atteste avoir vu l’animal s’approcher du troupeau. Bruno
Seryies a sans doute évité une attaque : il a
surpris le loup, au milieu de la journée, à une
quarantaine de mètres de lui, proche d’un groupe de brebis
isolées, dans la posture d’un animal se préparant à
l’attaque. Ses sifflements, ses cris, l’appel des chiens ont fait
fuir l’animal mais le troupeau a gardé longtemps en mémoire
cet épisode.
https://fr-fr.facebook.com/ContreLeRetourDuLoupEnLozere
Longuement, les bergers ont parlé des obligations
qu’imposent la présence du loup : changer les habitudes
en évitant la dispersion du troupeau dans la journée,
en évitant de laisser le troupeau manger la nuit, ce qui est
fréquent lorsque la chaleur est au maximum aux mois de juillet
et août, doubler la garde du troupeau, rentrer les brebis
chaque soir, pratiquer un comptage plus fréquent… Autant de
contraintes qui prennent du temps qui ont une incidence sur la vie
familiale, qui rajoutent de la présence au plus près du
troupeau. Et que dire des perspectives de développement ou de
passation des exploitations. Les jeunes générations
accepteront-elles de s’installer avec des ovins ? Certains
songent déjà à ne plus venir en estive :
«Une catastrophe pour notre territoire !», souligne
Sophie Pantel. « Des espaces naturels qui se fermeraient,
un patrimoine et des coutumes ancestrales qui disparaîtraient et une
perte économique qui s’étendrait bien au-delà
du seul secteur Mont Lozère ».
Face aux interrogations des bergers, les réponses sont
difficiles à apporter. La seule prise en charge financière
des brebis reconnues tuées par le loup ne suffit pas. Les
aides pour les clôtures, grillages, alarmes sonores, entretien
des chiens « Patou » ne sont qu’un palliatif
à court terme : le loup s’adapte ! Ces moyens sont
par ailleurs inadaptés dans le cadre de l’élevage en
zone de moyenne montagne. Il y a urgence à reposer la
question du loup sur ce territoire ou le maintien du pastoralisme est
indispensable car, aujourd’hui, le loup n’est plus un animal en
voie de disparition. Il convient aussi de pouvoir laisser les
éleveurs tirer, y compris en zone cœur du Parc National, pour
défendre leur troupeau.
Jean-Paul Velay. Saint Maurice de
Ventalon.
dans http://www.cevennes-mont-lozere.fr/index.php?option=com_content&view=article&id=226%3Ale-loup-est-incompatible-avec-l-elevage&catid=47%3Anon-categorise
dans http://www.cevennes-mont-lozere.fr/index.php?option=com_content&view=article&id=226%3Ale-loup-est-incompatible-avec-l-elevage&catid=47%3Anon-categorise
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Pour ceux qui veulent commenter mais qui n ont pas de compte, vous pouvez communiquer en tant qu'anonyme. Merci de mettre un pseudo en cas de conversation suivie.