Les
associations de bergers de France
Liste
signataires ci-dessous
Le
14 janvier 2013
Lettre
ouverte
Madame,
Monsieur,
Les
lignes qui suivent émanent de la 3ème rencontre
nationale du collectif des bergers et des associations de bergers.
Ce
sont les paroles des bergers et d'eux seuls. Elles disent la
détresse, l'incompréhension, la perte de confiance,
l'absence de considération, les critiques injustifiées.
Elles se veulent une sonnette d'alarme pour attirer l'attention sur
un métier que certains commencent à déserter et
pour témoigner que la montagne, par endroit, se dégrade.
Mais plus que tout, elles demandent que soient reconnus et entendus à
tous les niveaux, ceux qui, quotidiennement, côtoient les
grands prédateurs.
Le
collectif des bergers et associations de bergers rassemble tous les
massifs (Jura, Vosges, Massif- Central, Alpes, Pyrénées.).
Il réunit des bergers et vachers, qui dans la grande majorité,
vivent 4 à 5 mois de l'année (juin-octobre) en
haute-montagne, pour assurer le gardiennage permanent des troupeaux.
Ce collectif centre son travail sur les thèmes primordiaux du
métier de berger : conditions de travail, emploi, formation
professionnelle, formation continue...
Depuis
trois ans, ce collectif organise une rencontre nationale, après
la descente des troupeaux. Temps fort qui permet de se retrouver pour
échanger sur tout ce qui a trait au métier de berger.
Après les Cévennes, les Alpes, c'était au tour
des Pyrénées d'accueillir, le 10 novembre dernier, la
rencontre 2012.
L'ours
a toujours été présent dans les Pyrénées
; avec les premières réintroductions (1996), la
population d'ours a été croissante et sur différents
secteurs du massif. Dans le même temps, les Alpes ont vu
revenir le loup, lequel depuis quelques temps se manifeste également
dans les Pyrénées, Massif central et Vosges. Les
bergers et vachers ont maintenant du recul et du vécu sur les
mesures de protection préconisées et mises en place
depuis l'arrivée et la réintroduction de ces grands
prédateurs. Ce pas de temps permet d'avoir du recul sur les
mesures de protection préconisées et mises en place
lors de l'arrivée ou de la réintroduction de ces grands
prédateurs.
Les
bergers que nous sommes ont parfaitement conscience des moyens mis en
œuvre pour minimiser les effets de la prédation
(indemnisations des bêtes, aides au gardiennage,...).
Cependant,
nous constatons qu'il y a, sur l'ensemble des massifs, une
augmentation des prédateurs, une augmentation de la prédation
et que les mesures de protection ne sont pas adaptées à
la réalité du terrain.
En
temps normal, être berger, c'est travailler seul, résoudre
seul les difficultés. Mais dans un contexte de prédation
récurrente, la pression, la peur pour soi, pour les bêtes,
rend la situation limite, pour le mental comme pour le physique ; au
point que certains ne veulent plus monter. Plus grave encore, des
bergers expérimentés abandonnent leur métier.
Être
berger, dans ce contexte, c'est : compter des cadavres tous les
jours, découvrir et chercher des bêtes blessées,
être obligé d'euthanasier des brebis pour abréger
des souffrances, gérer les constats ; le tout dans le temps
légal du travail, en plus du travail « normal ».
Garder
en présence de loups ou/et d'ours, c'est (aussi) un surcroît
de travail, une situation de stress, et surtout un sentiment d'échec
et de culpabilité. « Nous n'arrivons plus à faire
ce pourquoi nous sommes là et cela remet en cause notre propre
utilité ». Ce sentiment est accentué par le
regard et les critiques à notre encontre, y compris par ceux
qui sont le plus à même de comprendre la situation, à
savoir des éleveurs. Ces critiques se résument à
: « "Si vous gardiez les brebis ça n'arriverait
pas" ; autrement dit, si « tu as de la prédation,
tu es un mauvais berger. » A cela s'ajoutent des propos
diffamatoires inacceptables circulant via les réseaux
internet.
Or,
les bergers sont des professionnels. Ils connaissent leur travail et
gèrent au mieux le troupeau en fonction de la montagne, de la
météo...Pourtant, alors même qu'ils connaissent
le mieux les différents quartiers de leur estive/alpage et
qu'ils sont les seuls professionnels constamment présents sur
les lieux, ils ne sont pas directement informés de la présence
des prédateurs quand ceux-ci se trouvent sur leur secteur,
alors que les administrations sont au courant. De même, ils
sont laissés dans l'ignorance quant aux évolutions des
zones à prédation.
Le
rôle du berger est central pour la montagne, du fait de son
travail d'observation du troupeau et de l'environnement dans lequel
celui-ci évolue. Nous connaissons l'écosystème
de montagne et nous y sommes sensibles. Le pastoralisme permet une
biodiversité des espèces inféodées (faune
et flore). Aussi, nous ne pouvons accepter que certains secteurs
soient condamnés à l'abandon avec toutes les
conséquences induites : fermeture des paysages et augmentation
des risques naturels (feux, avalanches...). De la même façon,
nous attirons l'attention sur le surpâturage et l'érosion
de certains secteurs dû au piétinement excessif engendré
par la nécessité de regrouper les bêtes. Ces
pratiques dont on mesure les incidences négatives sur l'état
des troupeaux (stress, état sanitaire, boiteries, avortements,
niveau d’engraissement...) menacent aussi l'avenir des montagnes.
Aussi, nous ne comprenons pas la sur-protection de certaines espèces
face à d'autres espèces qui méritent tout autant
notre attention.
Nous,
bergers, que nous travaillions en zone à prédation ou
non, nous nous sentons concernés par ce qui précède.
Tous, nous aimons les bêtes. Tous, nous aimons la montagne.
Pour
nous aujourd'hui, il ne s'agit en rien de demander une indemnisation
de plus. Nous ne voulons pas d'argent. Ce que nous voulons c'est :
• Être
reconnus dans notre travail, comme les professionnels que nous sommes
;
• Être
écoutés comme acteur principal sur la montagne ;
• Être
informés et être présents dans les commissions,
ceci dans tous les départements ;
•
Soutenir
tous les bergers et éleveurs concernés par la prédation
;
• Dans
les secteurs concernés par l’ours, travailler à une
gestion des populations de prédateurs qui s’attaquent à
nos troupeaux. Dans les secteurs concernés pas les loups,
travailler à une régulation intelligente et efficace
des populations de prédateurs qui s’attaquent à nos
troupeaux.
•
La
mise en place des moyens par les services de l’État dès
la 1ère
attaque
sans tracasserie administrative.
SIGNATAIRES
:
Association
des Pâtres de Haute Montagne Ariège Pyrénées
Baptiste Miller Jardins Botaniques 09 000 Loubières 80
adhérents 150 bergers et vachers en réseau
Association
des Bergers Salariés des Pyrénées Atlantiques
Pyrénées Atlantiques Pyrénées Jérome
Jouannet 64490 SARRANCE 15 adhérents 10 sympathisants
EHA
Arrapitz Association des Bergers Sans Terre Secteur pays basque des
Pyrénées Atlantiques
Pyrénées
Pantxo Etcheverri 32 rue de la Bidouze
64120 Donapaleu / Sain-Palais 30
adhérents
Association
des Bergères et Bergers des Alpes du Sud et Provence Hautes
Alpes Alpes Maritimes
Alpes
de Haute Provence Antoine Le Gal Roger Minard Le Plan 04110 Aubenas
les Alpes
une
quarantaine d’adhérents
Association
des Bergers de l’Isère Isère Alpes Michel Didier 85
route de Pommaret 38450 Charancieu
une
vingtaine d’adhérents
Association
des Eleveurs et Bergers du Vercors – Drôme – Isère
Département de l'Isère, Nord de la Drôme et
Plateau du Vercors Michel Curt QuartierVoirazier 26100 Romans sur
Isère 92 adhérents
Association
Solidarité Pastorale Drôme et régions voisines
Jean-Louis Fleury 26460 Les
Tonyls
une soixantaine d’adhérents
Une autre lettre de l'association des bergers et bergères de Provence et des Alpes du sud, a été publiée suite aux erreurs ( mensonges?) paru dans l'article sur la réunion des associations, dans Reporterre "Le loup, ennemi ou nature ? Paroles de bergers"
L’Association des bergères et bergers de Provence et des Alpes du Sud dénonce l'article de Daniel Bordur relatif à la Rencontre nationale des Associations de Bergers tenue du 1 er au 3 novembre 2013 à Rochejean (Doubs), mis en ligne le 12 Novembre sur le site www.reporterre.net Ce texte donne à la réunion des associations de bergers une orientation idéologique qui dénature nos débats En savoir plus