« L’ESPACE ALPIN» - Vendredi 8 février 2013
« La vie ici est un enfer »
Elle est venue et elle a vu
Quand Caroline arrive dans le hameau d’Esparron la Bâtie, au cœur du massif des Monges, à 1 200 m, dans les Alpes de Haute- Provence, c’est l’été. Elle a 20 ans.Cette étudiante en biologie à Bordeaux a décidé de passer quelques temps sur les estives de la famille Ailhaud au titre d’éco volontaire du Groupe Loup France (aujourd’hui FERUS). La problématique du loup l’intéresse ; elle veut comprendre et
se rend donc sur le terrain avec la foi du charbonnier. Patrick, l’éleveur ovins, attribue à cette stagiaire
la charge de surveiller de nuit le troupeau. En effet, depuis quelques années, le loup a pris possession du
massif boisé. La pression est forte et les attaques meurtrières. La voilà donc face à la bête : pas celle des
livres d’images ni celle du zoo de Vincennes ; mais la bête sauvage, celle qui hurle et se cache pour
mieux fondre traîtreusement sur ses proies.
Dix ans, ont passé. En ce mois de janvier, la route qui grimpe à l’hubac des Monges, vers le hameau,
est verglacée. La neige enveloppe la montagne et devant la maison des Ailhaud, deux enfants jouent avec
un chien bien plus gros qu’un patou, c’est dire. Caroline les surveille d’un œil angoissé depuis le balcon ensoleillé où elle étend son linge. C’est la même jeune femme, celle qui a décidé de vivre ici, auprès de Patrick et de partager sa vie.
Foin des utopies, des envolées pour une nature ensauvagée. « La vie ici est un enfer » lance t-elle, l’œil noir.
« Je n’ai plus de vie de famille, nous sommes épuisés et je tremble chaque jour pour mes deux enfants que je ne peux tout de même empêcher de sortir de la maison. Financièrement, c’est la catastrophe. Mon espoir de
m’installer à mon tour est parti en fumée. Pire : je songe sérieusement à partir ».
Après une absence de quelques années, le prédateur est revenu en force. Des 520 bêtes montées dans
les pâturages d’été, il n’en est redescendu que 450 le 20 octobre, bien plus tôt que prévu. Harcèlement,
c’est le mot qui convient. Tout un quotidien qui vole en éclats absorbé par une seule obsession protéger
le troupeau. Première attaque, 50 brebis en moins, 7 déchiquetées, les autres disparues donc non indem-
nisables. Perte : 15 000 euros sans compter les avortements dus au stress ou les malformations du
fœtus ; une perte de 250 agneaux. Devant le tsunami économique, Patrick et Caroline décident de lut-
ter, pied à pied avec l’ennemi. Ils seront présents à tour de rôle sur le pâturage, de jour comme de nuit.
La vie s’organise tant bien que mal : quand Caroline conduit le tracteur pour retourner le foin, Patrick, lui,
surveille le troupeau et inversement. « Durant des mois, nous nous sommes croisés, mon compagnon et
moi. Nous dialoguions par post-it interposés, post-it hâtivement collés sur la table de la cuisine ». Dans
leur tête, les loups, toujours les loups de plus en plus envahissants.Car, la meute est là et bien là. Ils
subissent deux à trois attaques par semaine. Les loups ne sont plus des fantômes, ce territoire leur appar-
tient et ils en sont les maîtres.
« Le soir, je partais avec mes enfants et ils dormaient sous une tente car il n’y a pas de cabane. Guetter le moindre bruit, mon fusil collé contre moi, l’angoisse au ventre ; c’est une vie ça ? » Et puis, il y a les images qui s’incrustent dans la mémoire, insoutenables. Du sang, des corps torturés, éventrés, des squelettes
nettoyés ; de la souffrance pure.
Après le tir de prélèvement décidé par la préfecture et la mort d’une louve, c’est la panique. Les chiens
n’arrivent plus à juguler la meute. Une nuit, elle pénètre carrément dans le parc, faisant fi des fils élec-
trifiés qui l’encerclent et c’est le massacre. Les loups font un festin.Il ne reste qu’un pauvre agneau
égorgé, ultime témoignage, qui est resté coincé entre deux fils du parc. Le pire est à venir. Après le retour
du troupeau à la ferme, les premiers froids venus, la meute affamée tourne autour. Une jument fort
heureusement bâchée subit les assauts des loups. Un soir d’octobre, alors que Patrick rentre en voiture, à quelques pas de la maison, il voit neuf loups, pas moins, qui rôdent sur la route, près du petit pont. Patrick sort le fusil et tire. Certains s’égayent, sans hâte, dans les bois proches ; cinq autres, restent là, à toucher le capot de la voiture et ils fixent l’homme qui, lui n’a plus de munitions. Ils reviennent encore et toujours,
de plus en plus hardis. Caroline a obtenu du préfet une autorisation de tir pour laquelle elle a dû passer son permis de chasser. Elle vit très mal le fait de devoir sans cesse être armée. Est-ce vraiment la panacée ? Elle en doute.
« Je craque. Mes enfants s’adaptent comme ils peuvent mais je suis mère avant tout et je ne me résous pas à
leur faire vivre cette angoisse quotidienne. Ils ne sortent qu’accompagnés de nos chiens bergers d’Anato-
lie, bien meilleurs que des patous qui ne sont que des « clairons » (comprendre qu’ils alertent le berger mais ne sont pas assez offensifs NDLR). Pourquoi faudrait-il renoncer à notre ferme familiale, à nos terres, à notre bonheur de vivre là pour faire place à des bêtes sauvages ?
Pourtant cette option devient jour après jour une évidence ».En cet hiver qui s’étire et poudroie sur le massif des Monges, les paysages sont somptueux. Dans leur nid d’aigle, les Ailhaud croyaient trouver la paix, perpétuer ce qu’avant eux, père, grand-père et tant d’ancêtres avaient construit. Pas de passéisme dans ce choix : «Nous aimerions évoluer, faire de la génétique pour améliorer la productivité du troupeau. Je voulais aussi jouer ma partition, devenir éleveuse ovins à part entière. J’ai la passion et la volonté d’aller de l’avant ».
N’ont-ils pas eux aussi des droits ? Ne sont-ils pas des citoyens à part entière ? Leur présence sur les
hautes terres n’est-elle pas légitime profondément utile ? Las, ils ont la malchance de faire partie d’une
minorité. Et comme toutes les minorités, ils doivent subir la loi d’une société qui ne les comprend plus. Caroline le sait bien, elle qui a touché du doigt le hiatus dramatique qui existe entre une Nature fantasmée et la réalité tangible
.
Comme si cela ne suffisait pas, les élus de terrain, eux-mêmes des ruraux, ont souvent perdu les pièces essentielles du puzzle qui rendent ces territoires vivables. Gangrenés par la culture dominante, ils sacrifient le maillon essentiel d’une vie possible pour passer direct à la case tourisme et sacrifier le premier au bénéfice du second.
Le maire de Bayons n’a t-il pas pris deux arrêtés interdisant aux Ailhaud de laisser leurs chiens en liberté, là-haut, à 1 200 m… afin que les promeneurs éventuels gambadent en toute quiétude.
La page n’est-elle pas déjà tournée ?
Ne sont-ils pas déjà sacrifiés ceux pour qui il est une évidence : il est encore possible de vivre en haute
montagne sans attendre le touriste peu soucieux d’un monde qui s’écroule ? Les éleveurs ont le plus souvent des compagnes. Qui se soucie d’elles ? Leur voix est inaudible. Pourtant elles portent un double fardeau. En tant que femme, elles sont à la fois celles qui subissent et celles qui apaisent les douleurs. A la fois impliquées dans la lutte au jour le jour, elles doivent également rapiécer le quotidien, faire en sorte qu’il
soit vivable ; entre un compagnon dévoré d’angoisse et souvent absent, des enfants qui ne demandent
qu’un peu de légèreté et une vie de femme mise entre parenthèse, c’est sur elles que repose l’essentiel.
Nadine Massat
Au cours du reportage sur canal + a propos du loup chez caroline , le représentant de Fèrus n'a qu'un seul argument laissant supposer que les bergers font exprès de laisser les loups massacrer leurs Brebis pour toucher la prime. Devant la détresse de Patrick, on se demande comment les associations pour le loup compte pérenniser la survie de leur idole en employant de tel arguments? Vomir tant de haine a l'encontre des bergers pour justifier les massacres dans le seul but d'endoctriner la population nous rappelle l'HISTOIRE pas si ancienne et nous oblige à prendre en compte l'origine des mouvements écologiste
Les organisations écologistes officielles, comme les administrations, n'apportent jamais aucune contradiction, observations ou réponses à ce type de témoignage. Curieux ? Par contre, allez voir les échanges.... Nous comprenons rapidement qu'aucun dialogue n'est possible avec un écologiste. Il a des solutions à tout, il connait tout, il a toujours raison et le loup vaut mieux que les brebis et les hommes... voir même les gosses]
Pour faire face aux affirmations des écologistes « pro-loups » dans le « manifeste pour le loup », voici une réponse point par point, bien plus objective que la propagande discriminatoire et souvent en contradiction totale avec la législation Européenne, qu'ils étalent sans états d'âme
les textes en gras et soulignés sont copiés sur le manifeste
Bonjour à tous, les chasseurs ont mis en place il y a 40 ans "le plan de chasse" qui fonctionne plutôt bien puisque les populations de grands animaux ne cesse d'augmenter malgré les prélèvements chasseurs, prédateurs; il faut faire de même pour les loups , sinon nous allons vers une catastrophe économique,écologique et humaine. Le bon sens est nécessaire à la campagne et tous les ruraux vous tiendrons le même langage, incompatibilité Femmeshommes-loups.
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