Dans
le cadre de l'information idéologique, la « maison du berger »
accueille la "Société Alpine de Protection de la Nature" pour une
journée accès sur « la cohabitation possible du loup et du
pastoralisme ». Avec toutefois un point interrogation pour
éviter la montée d'adrénaline de ceux qui subissent la prédation.
Comme
par hasard cette journée se déroule au moment ou les éleveurs et
bergers sont le plus mobilisés dans leurs taches professionnelles. Il
ne pourront certainement pas aller remettre les pendules à l'heure
sur ce qui s'annonce comme une journée de propagande destinée à convaincre ceux qui ne subiront jamais la prédation.
Voici
entre guillemets et en Italique les arguments de la SAPN pour
mobiliser le public :
SAPN :
« /…/Nous invitant à repenser la cohabitation
possible entre la faune, la flore et les activités humaines »
A
- il s'agit de la coexistence entre les éleveurs et bergers seuls
face aux prédateurs, la flore elle, elle cohabite depuis des millénaires avec le pastoralisme.
B
- La cohabitation implique que les deux parties soient consentantes.
Il n'y a donc pas de cohabitation entre les grands prédateurs et les
activités humaines, nulle part, ni chez nous ni chez nos voisins.
LOUP, A L'ÉTRANGER COMMENT SE PASSE LA COHABITATION?
LOUP, A L'ÉTRANGER COMMENT SE PASSE LA COHABITATION?
C
- La coexistence avec le loup est impossible, l'a toujours été dans
l'histoire de l'homme - cela apporte énormément de préjudices,
dont l'impact destructeur sur l'élevage ou la faune sauvage.
Dans les pays à forte densité humaine et accueillant de nombreuses
petites structures pastorales familiale, le loup ne peut pas
subsister sans décimer les élevages et s'hybrider.
D
- À
propos du loup taxé d’«espèce
parapluie», de «clé
de voûte de la biodiversité», d’«indicateur
de la qualité ou de l’intégrité d’un habitat» et
autres idées reçues qu’ils ont inspirées eux-mêmes, Luiggi
Boitani et David Mech
écrivent
ceci : «Les
loups ne méritent pas de tels labels. Si ceux-ci ont été de
formidables moyens pour déclencher les émotions, obtenir et réunir
rapidement des soutiens au rétablissement des loups,
il nous faut prendre conscience que ce furent là des raccourcis pour
vendre un produit, plutôt que de bonnes bases scientifiques. Le
loup devra être contrôlé partout où il revient. Dans la plupart
des cas, le contrôle direct par destruction est habituellement
l’unique voie possible.»
http://www.liberation.fr/debats/2017/06/26/derriere-le-mythe-juste-un-animal_1579651
Gageons
que la SAPN avec la complicité de la « maison du berger »
se fera un plaisir de vous rappeler toutes ces vertus publicitaires du
loup dans les zones d'élevage.
SAPN :
« Nous sommes allés à la rencontre de quelques
éleveurs, bergers et de personnes qui les connaissent bien… »
Gageons
que ces "quelques" éleveurs et bergers ainsi que ces "quelques" personnes ont été choisi avec soin.
SAPN :
« Une cohabitation est possible entre l'élevage et
le loup ; reste à savoir comment »
Les
associations qui affirment sans état d'âme et sans jamais tenir compte de la réalité que la cohabitation
coexistence est possible tout en se demandant comment faire
pour que ce soit possible,
sont nombreuses.
Par
contre les instances Européennes qui chapeautent ces associations, WWF, LCIE, UICN savent exactement comment faire :
« Dans
ces zones [où évolueront les grands prédateurs] sont
inclus les secteurs où doivent être établis de
fortes restrictions à l’élevage, en accord avec
les réalités locales, afin que l’élevage ne perturbe pas les
carnivores ».
LOUP, LA FACE CACHÉE DES PRÉDATEURS, TOME II
Il serait opportun que la SAPN redescende sur terre et ouvre les yeux :
comme
le dit John
Linnell en 2014
(Institut pour les grands carnivore en
Europe ; LCIE)
..."cette
expérience
n'a
jamais été tentée auparavant"
.../..."Nous essayons maintenant de trouver un moyen de coexister
avec eux (les
grands prédateurs ndlr),
même si personne ne sait à quoi cette coexistence
va
ressembler à la fin"…
http://www.lcie.org/Blog/TabId/4630/ArtMID/6987/ArticleID/60/Blog-To-boldly-go-where-no-continent-has-gone-before.asp
L'UICN
n'en sait pas plus :"nous
avons des besoins de connaissances nouvelles dans trois domaines
principaux : Le loup, le pastoralisme, les conflits relatifs aux
loups!"
«Comme nous l'avons vu, les grands carnivores, comme groupe d'espèces, représentent un nombre de challenges uniques quand nous essayons de les conserver dans des écosystèmes densément peuplés, à dominante humaine et fortement modifiés, comme ceux en Europe » ...
… « Ces challenges ont le potentiel d'avoir localement de graves répercussions sur ...
1) le cheptel …
2) les proies sauvages qui représentent des ressources de grande valeur pour les chasseurs …
3) la peur qu'ils induisent chez de nombreuses personnes ...
4) leur association à une large gamme de conflits sociaux …..
5) le fait qu'en de rares occasions, les loups et les ours peuvent représenter une menace pour la sécurité humaine en s'attaquant à des humains ... »
LOUP, COEXISTENCE A N'IMPORTE QUEL PRIX
Il serait tout aussi opportun que la « Maison du Berger » nous dévoile sa véritable motivation.
Comme par hasard, aucune indication n'est donnée sur les intervenants qui vont venir nous vendre les recettes de laQuelles seront les associations de défense du pastoralisme représentée?
Qui seront les spécialistes de chiens de protection?
Et le dessin, il vous l'inspire comment la coexistence?
La récente annonce d'une rencontre "Loup & pastoralisme" à la Maison du berger, organisée par une association environnementaliste (puis son annulation in extremis) m'emplit de perplexité, et je pense, doit interroger tous mes collègues de la communauté pastoraliste.
RépondreSupprimerPoser la question : "une cohabitation possible ?", après tout ce qui a été dit, écrit, conclu, publié, projeté, tout au long de ces derniers mois/années (je parle de communication sérieuse sur le sujet, et non de fantasmes de cohabitation fondée sur du vent), à un moment où les éleveurs et bergers, en début d'estive, sont dans le plus grand désarroi face à un prédateur devenu incontrôlé et incontrôlable, poser cette question donc relève au mieux d'une plaisanterie de très mauvais goût.
Mais j'aimerais en profiter pour élargir ma réflexion et proposer mon sentiment : la Maison du berger est avant tout celle des bergers, sa vocation première est de soutenir et de valoriser le pastoralisme, même si elle doit être aussi un lieu de débat (et on aime beaucoup ces débats-là), notamment sur le partage de l'espace avec d'autres usagers, avec d'autres centres d'intérêt. C'est à cela que l'institution nous avait habitués, dans ses programmations claires et nettes, réalisées avec brio.
Mais la Maison du berger semble aujourd'hui devenue bien opportuniste, surfant sur une vague verte qui certes séduit beaucoup les urbains, mais participe aussi à la chute de la paysannerie de montagne. Elle paraît flotter comme un bateau sans cap, sans boussole, sans véritable objectif. Elle me semble avoir besoin d'un recentrage de son projet (centre d'interprétation des cultures pastorales alpines), car le pastoralisme aujourd'hui bien menacé a besoin que toutes ses capacités de soutien fonctionnent à plein, dans une direction précise.
En même temps que d'exposer mon sentiment aux responsables de la Maison du berger dont je connais et salue l'engagement, j'ai envie que mes collègues, qui comme moi servent les intérêts du pastoralisme, se prononcent également : cette Maison-là le mérite.
Bien à tous.
Bruno Msika
Cardère éditeur 84000 Avignon (France)