À propos du Film «Storie di uomini e di lupi» présenté à
Bergame dans le cadre du Festival du pastoralisme 2016.
 |
http://www.ecodibergamo.it/planner/dettaglio/film-storie-di-uomini-e-di-lupi_1063690_832/ |
Ce film, tourné dans le Piémont et en France, recueille les
témoignages des deux «parties» opposées sans prendre position :
- d’un coté les universitaires spécialistes du loup qui
souhaitent son expansion et l’augmentation de sa population,
-de l’autre les éleveurs les bergers.
Dans le Piémont les proies des loups ne sont pas uniquement les
ovins/caprins mais aussi les bovins; et les éleveurs, qui grâce aux
alpages parvenaient à alléger les coûts élevés (par rapport à
la baisse du prix de la viande), ont dû modifier complètement leurs
méthodes de gestion. Fini les mises bas en montagne. Mais cela ne
suffit pas à éviter les prédations. Les éleveurs de moutons et de
chèvres se sont tous équipés de clôtures électriques et pour
beaucoup de chiens de protection. Mais les prédations continuent
parce que le loup est un animal très intelligent capable de repérer
les points faibles des défenses et les moments plus propices pour
attaquer.
De l'autre côté de la barricade on exalte « le retour aux
équilibres naturels » en ignorant quasiment les problèmes sociaux
qui en découlent et en ignorant que les éleveurs et les bergers ont
permis une gestion du territoire qui s’avère importante aussi pour
les zones densément peuplées et industrialisées en aval.
- Pour les éleveurs et les bergers il en résulte un sentiment
d’amertume du fait d’une répartition très déséquilibrée des
charges et des avantages d’une telle opération :
- En ville et dans les plaines on salue la présence du loup mais
on ne renonce à aucun avantage de la modernité, du consumérisme,
de l'industrialisation de l’agriculture. La nature doit « revenir
» uniquement là où les acteurs sociaux sont trop faibles pour
s’opposer à une re-naturalisation décidée en ville peut-être
pour une opération de bonne conscience de surface, pour faire
semblant de « remédier » aux dommages infligés aux écosystèmes.
Mais les bergers et les alpagistes n’utilisent pas de pesticides,
n’émettent pas de CO2, et utilisent des ressources renouvelables.
Et pourtant ce sont eux qui payent l’opération de retour du loup.
Ce qui provoque un très fort ressentiment.
Sur ces problématiques concernant des aspects économiques,
sociaux, environnementaux se greffe la forte valeur symbolique et
émotionnelle du loup qui a toujours suscité chez l’homme de la
haine ou de l’admiration (allant jusqu’à l’identification). Un
sujet qui divise en profondeur et fait ressortir les contradictions
de notre époque comportant davantage de paradoxes, d'hypocrisie et
d’ambiguïté que les époques passées.
Difficile de traiter de cette question dans un film. Le choix de
laisser les protagonistes s’exprimer était donc obligatoire, tout
comme celui de ne pas en tirer de conclusions. Une histoire de ce
genre ne peut avoir de fin tragique ou heureuse. Il s’agit d’un
conflit ouvert (et qui le sera pour longtemps). Contrairement à tant
de documentaires environnementalismes sirupeux, ce film permet,
à ceux qui sont disposés à laisser leurs préjugés à la maison,
de commencer à s'orienter dans un sujet comportant de nombreux
aspects et qui demande d’aller au-delà des apparences.
Le billet d'Ouragan : Mais pour dés écologistes
culpabilisants et incapables de renoncer au confort que nos sociétés
proposent au détriment de toute morale ou préservation de la
planète, cela reste impossible, surtout lorsque le loup leur sert de
rédempteur. Tapez sur les derniers ruraux qui impactent le moins la
nature est devenu leur masturbation intellectuelle préférée.