Écologiquement, la montagne n’a pas besoin de moutons Les éleveurs ont besoin d’alpages, mais l’inverse n’est pas vrai. L’idée que le bétail serait utile pour " entretenir " la montagne renvoie à une image symbolique de celle-ci, mais ne correspond à aucune réalité biologique ou écologique)
LE BILLET D'OURAGAN
1 - Personnellement j'ai mis un mouchoir en papier à la place du bulletin de vote afin d'essuyer les larmes de nos amis éleveurs et bergers pour le prochain quinquennat.
Résumé
partiel et essai d'interprétation
"Démarche
d'évaluation prospective à l'horizon 2025/2030
et
viabilité à long terme"
C'est
la première étude qui s'emploie de manière officielle et publique
à évaluer une population minimum viable. Cependant page 17 elle
précise qu'elle n'intègre pas la notion d'état de conservation
favorable par rapport aux attendus de la Directive Habitat Faune
Flore. On peut s'interroger alors sur ce qu'elle évalue réellement.
Les
populations de loups transfrontières
Le
rapport souligne la fréquence des échanges génétiques entre les
populations transfrontières, et identifie une population alpine
constituée de la France, l'Italie, la Suisse, et l'Autriche qui
s'élève à 70 meutes environ (soit plus de 650 individus dont 45%
environ pour la France). La population italienne est sous estimée
avec 1770 individus puisque c'est l'effectif évalué en 2013 par
l'étude de Mattioli et al. 2014.
Cette
population alpine est connectée à la population des Apennins pour
une hauteur estimée à 2.5 migrants efficaces sur 4-5 ans. l'Échelle
de valeur étant de moins de 1 migrant pour les populations
insuffisamment connectées, et 4 migrants pour les populations
connectées de manière très satisfaisantes.
L'étude
prétend que la Directive Habitat ne prévoit pas une échelle
d'évaluation supranationale pour évaluer un état de conservation
favorable des loups, ce qui est inexact dans le sens où les
"Guidelines for population level management plans for large
carnivores" sont des éléments rajoutés et annexés aux textes
européens, qui incitent à examiner les populations de loups à une
échelle transfrontière (introduction, articles 2; 3.3; 5.2; 5.4;
5.5; 5.6; 6.2). Pourtant on peut lire page 28, “la
population française est considérée comme partie intégrante de la
population transfrontière alpine (France, Italie, Suisse, Autriche)
connectée à la population des Apennins.”
Il
n'est pas exclu dans le rapport que la population française à
l'échelle transfrontière puisse être viable (page 28) tout en
soulignant que ce n'est pas une garantie à long terme du fait que
nous n'avons pas d'emprise sur la gestion des autres populations.
Ceci n’étant pas un argument rédhibitoire, car il en est ainsi
pour toute chose.
La
prise en compte de la dimension "écologique" d'une
population
Le
rapport précise qu'il faut considérer la population dans sa
relation avec son habitat et avec les autres espèces. Il en déduit
qu'il faudrait préférentiellement l'estimer par rapport à un
nombre maximal d'individus qu'un habitat peut accueillir. C'est une
approche en totale contradiction avec les "Guidelines" qui
précisent que dans les milieux anthropisés comme le sont les
vallées et les alpages, la capacité sociale est inférieure à la
capacité biotique (articles 5.4; 5.5; 5.7; 6.4). Il est même
précisé que la difficulté d'acceptation socio-économique du loup
peut justifier d'en limiter le nombre (article 6.4).
L'utilisation
des outils mathématiques en prospective
Si
les outils mathématiques montrent leur réelle pertinence, la
documentation scientifique fait remarquer que dans les domaines aussi
complexe que ceux de la biologie de la conservation et de l'écologie,
les simulations théoriques sont difficiles à adapter et à
modéliser convenablement, et ne doivent pas supplanter la prise en
compte des données de terrain observés réellement. (cf. Douglas H.
Johnson 2002). C'est cet aspect que les éléments du rapport ne
prennent pas suffisamment en compte, contrairement à l'etude de
Waples et al. de 2013 qui en contredit les résultats comme ci après.
L'estimation
d'une population minimum viable génétiquement
Le
rapport retient le ratio Ne*/N**= 0.1 à 0.2 ( Frankham, Oalstra…et
al.) qui conduit à un minimum N de 2500
à 5000
individus
matures (Ne=500). Curieusement il ne retient pas cette étude plus
récente de Waples et al. qui conduit à un ratio Ne/N=0.71, soit
N=700
individus
matures, qui repose sur de nombreux cycles réels d'examen (valeur
proche des 1000 de l'UICN qui n'est pas particulièrement indulgente
en matière de seuils).
Cela
aboutit à une non prise en compte de l'étude de Walpes et al :
-
en
raison du facteur de variations de populations, alors que les
populations de loups ne présentent pas de fluctuations extrêmes
comme le montrent les évaluations de l'ONCFS.
-
en
raison également de l'aspect génétique initial de la population.
Or
aujourd'hui la dépression génétique n'est pas un paramètre
préoccupant en France. De surcroît le loup est moins exposé que
les autres espèces de ce point de vue. Waples et al. indiquent que
leurs résultats doivent être retenus en soulignant bien qu'ils sont
en désaccord avec la pensée conventionnelle qui voudrait que le
ratio Ne/N soit inférieur ou égal à 0.5.
Les
méthodes d'évaluation des populations pratiquées aujourd'hui
Un
audit organisé par l'UICN aurait conclu à une excellence des
méthodes surtout pour l'estimation des taux de croissance. Les
problèmes rencontrés pour la détection des individus en l'absence
récurrente de neige pourraient être contournés par de nouveaux
dispositifs. Ce n'est donc pas encore opérationnel et les effectifs
pourraient donc légitimement être soupçonnés d'évaluations
minorées.
Taux
de mortalité maximum envisageables et effectif minimum de meutes
Les
auteurs du rapport s'inspirant de l'étude Duchamp-Marboutin de 2005,
indiquent qu'une population dont le fonctionnement n'est pas
satisfaisant, décline dès que la mortalité annuelle excède
32%. Pour un modèle de fonctionnement comparable à celui de nos
populations en France, il faudrait un minimum de 4 meutes (soit 40
loups, p. 37). En cas de fonctionnement moins favorable ce serait
plutôt 10 à 15 meutes (90 à 125 loups, p. 39).
Avec
la croissance des populations observée 1995-2016, pour respecter un
risque d'extinction de 10% sur 100 ans, il faudrait un effectif
plancher de 50 loups. En prenant en compte une croissance supposée
freinée entre 2014-2016, l'effectif plancher deviendrait entre 100
et 125 loups.
Proposition
réaliste pour une population viable de loup dans les zones d'élevage
d'un pays à forte densité humaine
À
l'échelle transfrontalière, 700 loups suffiraient pour assurer une
population minimum viable génétiquement dont une centaine
assureraient une population démographique viable pour la
France.
*Ne=
population totale minimum viable retenue
**N
= nombre d'individus matures