Qui
tue le pastoralisme ?
*
Accord / Manifeste de cohabitation (et ses principes fondamentaux),
signé à Bruxelles le 10 juin.
*
Les "actions clés" de la plateforme de coexistence
entre les grands prédateurs et l'homme.
*
Statut du loup et Chasse -"Régulation" ou
"Exclusion" ?
Récapitulatif
par « chapitres »
*
Accord / manifeste de cohabitation
(Résumé)
La
« Plateforme » sur la coexistence entre les
Grands Prédateurs et l'homme :
Le
10 juin à Bruxelles, sous l'égide de Janez Potocnick
commissaire à la DG de l'Environnement de la CE (Direction
Générale de l'Environnement de la Commission
Européenne), 8 organismes ont signé avec le commissaire
un manifeste de
conservation des grands carnivores – un accord de cohabitation …
un condensé
du « manifesto » 2013 du LCIE (Large Carnivores
Initiative for Europe).
(Le LCIE,
créé par la WWF en 1995, un groupe de l'Union de
Conservation Internationale de la Nature (UICN), mène le
dossier grands prédateurs en Europe).
NB
: Un manifeste est "une proclamation écrite par un groupe
qui souhaite proposer un programme." .. et
quel programme !
Les
9 signataires de la nouvelle "plateforme".
1) La
Direction Générale de l'Environnement de la Commission
Européenne.
2) L'UICN : L'Union Internationale pour la
Conservation de la Nature.
et ses
alliés :
3) WWF
4) CIC :
Conseil International de la Chasse et de la Conservation du Gibier;
membre de l'UICN.
5)
Europarcs ; membre de l'UICN
6) ELO :
Organisation européenne des propriétaires forestiers.
Grand partenaire de Syngenta (pesticides / semences) comme le
Copa-Cogeca et bientôt l'UICN ...
ainsi que
7) Les éleveurs de rennes scandinaves (totalement dépassés
avec 60 000 à 100 000 victimes/an et 6 espèces de
prédateurs !) et partenaire du WWF par ailleurs.
8)
La FACE
(Fédération
d'Associations de Chasse Européenne); membre de l'UICN. (NB :
n'a pas le monopole dans tous les pays.)
9) Le
Copa-Cogeca regroupant
le syndicalisme agricole majoritaire européen (pour la France
: FNO / FNSEA / JA) et également l'APCA (Chambres Agriculture)
(NB : ne représente pas l'ensemble des éleveurs en
France).
8 et 9 sont partenaires … 1, 2,
3, 4, 5, 6, 7, 8 sont partenaires et se subventionnent, se
sponsorisent ...
La
FNO préside le groupe ovin Copa-Cogeca (signataire) et le
président de la FNSEA est un des vice-présidents du
même Copa-Cogeca.L'implication
et la responsabilité de la France sont donc très
engagées, très importantes.
On
ne peut pas se dédouaner de la signature de l'accord en disant
que la France était noyée dans la masse des décisions
des autres pays membres ! - au contraire, la France s'est fourvoyée
dans d'énormes responsabilités.
Cette
décision a été prise sans consultation
démocratique dans les endroits "haut placés",
dans la sphère des accords financiers.
Le Copa-Cogeca a
préféré décider seul, sans se référer
aux syndicats et associations non membres de leur organisation et
semble-t-il sans se référer au niveau local et régional
à l'intérieur de ses organismes membres.
Il
n'est nullement question de protester que le Copa-Cogeca aurait dû
recourir à la politique de la chaise vide mais de dénoncer
le fait que seuls les représentants du Copa-Cogeca s'y soient
assis.
Il
ne faut pas ignorer ou minimiser la portée et les conséquences
de l'accord de
cohabitation signé
à Bruxelles et des "actions
clés" y
afférentes qui seront proposées et prendront effet sous
peu.
Accord
(L'accord)
*
Les signataires reconnaissent le cadre législatif existant de
la Directive Habitats.
"Le « principe » de non-régression en matière d’environnement, « selon lequel
les dispositions (…) nécessaires pour protéger l’environnement et la
biodiversité ne doivent pas entraîner de recul dans le niveau de protection
déjà atteint »"
Or, pour sortir de la protection de
l'espèce - ce qui est demandé par la profession et de
nombreux élus - il est nécessaire de modifier la
Convention de Berne.
Mais seul un BILAN
de la Directive Habitats est prévu, parallèlement et
conformément à la Directive.
*
Les signataires reconnaissent que "les
loups font partie intégrante des paysages"
(zones de pâturages et d'élevage / zones habitées
/ zones de loisirs comprises)
*
Les signataires s'engagent à trouver des "solutions
pour faciliter la coexistence
(alors qu'il n'y a pas de solutions ..)
*
en acceptant des compromis,
….
ainsi que des
études /
business ...
des tests sur la
coexistence / protection
(ad vitam aerternam.) (n° 4 et 5 en bas de la feuille dûment
signée)
Accord
(La
coexistence) …
Coexister avec le loup ? ... est-ce
donc possible ?
En
réalité, les éleveurs sont des cobayes
d'expérimentation de coexistence car,
comme John Linnell 2014 (LCIE) écrit
"cette
expérience
n'a
jamais été tentée auparavant" .../...
...
/ ... "Nous essayons maintenant de trouver un moyen de coexister
avec eux (les
grands prédateurs ndlr),
même si personne ne sait à quoi cette coexistence va
ressembler à la fin".
"L'initiative
pour la conservation
et la gestion durable
des grands carnivores"
impliquera nécessairement "la
conservation et la gestion sans fin des conflits".
Car
effectivement, nulle part sur cette terre, à aucun moment de
l'histoire de l'homme, n'a existé une "coexistence"
réussie et durable avec le loup parce que :
* le loup
s'attaque et s'attaquera toujours aux animaux domestiques, quelle que
soit la méthode de protection – à moins de faire de
l'élevage hors sol, hermétique au loup ; (est-ce
le but ?)
* parce
que le loup s'attaque à la faune sauvage sur laquelle l'homme
s'est réservé un droit de chasse depuis la nuit des
temps. ;
*
parce que quand
le loup côtoie les « paysages multifonctionnels »
et à fortiori si on régule son nombre au lieu de
l'exclure des zones d'élevage et des zones habitées, le
loup s'hybride,
se croise inexorablement avec les chiens (le coyote et le chacal
aussi) et l'on se retrouve dans une situation inextricable due à
l'hybridation (comme en Italie) : jusqu'à 2 portées par
an, des individus plus résistants et plus nombreux ;
perte de la crainte de l'homme. (L’Italie mentionne des meutes de
15 à 18 individus depuis quelque temps … l'Allemagne une
meute à portées multiples avec 13 louveteaux)
Le
LCIE / UICN, lui -même, nomme l'expérimentation du loup
dans les paysages multifonctionnels européens un "challenge",
un "défi".
(Guidelines for
population level management plans for large carnivores ».
LCIE 2008
- 6.4 p.27)
Appelons
un chat un chat, c'est un échec total et un désastre
et cela le restera tant qu'on essaiera de faire coexister ce qui ne
peut pas coexister.
Accord
(Le
contenu de l'accord)
Les
principes fondamentaux
Les
participants de la plateforme ont signé un accord
de coexistence, un manifeste de cohabitation avec
les grands prédateurs, basé sur 5 principes
fondamentaux ("core
principles")
dont la FACE et la FNC ont omis "l'essentiel" de la
traduction dans leurs communiqués (!)
1)
Les
signataires s'engagent à travailler dans le cadre législatif
existant
qu'ils reconnaissent de facto comme adéquat avec ses
« restrictions »
et ses « opportunités »
(FACE), alors que les représentants de la profession, les
éleveurs ainsi que de très nombreux élus en
France, proclament qu'il est nécessaire de changer le cadre
législatif de toute urgence.
Le
« Fitness Check », c'est comme si on cherchait
à peindre une ruine en rose pour cacher les malfaçons.
Si
la question est soulevée à la « Plateforme »
(car les signataires auront l'occasion de donner leur opinion comme
toute partie prenante), cela ne pourra qu'être une mascarade
entre ceux qui sont à la fois juges et partis de leur propre
législation … et les signataires qui ont reconnu le cadre
législatif comme adéquat dans ses « restrictions »
et ses « opportunités »
( !)... Mais quelles « opportunités »
donc ? Celles de prélever un nombre de loups inférieur
à son taux de croissance annuel ?
Une
mobilisation se fait donc autour de la Directive Habitats or, c'est
la modification de l'article 22 de Berne (qui ne devra pas être
« revisitée » au « Fitness
Check ») qui est nécessaire (comme soutiennent les
Suisses et de nombreuses associations en Italie ou en Suède),
afin que chaque pays puisse « émettre une réserve »
dans le temps pour toute espèce de faune ou de flore devenue
invasive.
Les
participants pourront revisiter, dépoussiérer et
repolir la Directive Habitats tant qu'ils veulent, la législation
sur la protection du loup ne changera pas.
Les
représentants du Copa-Cogeca France (dont la FNO / FNSEA) ont
pourtant soutenu qu'ils se rendaient à la plateforme pour
changer le statut de l'espèce.
Or,
le rôle de la plateforme n'est pas de discuter Directive
Habitats mais
de promouvoir la cohabitation.
Le "Fitness Check"
(le fameux bilan périodique décrit plus haut) qui se
déroule en parallèle doit "améliorer"
la Directive Habitats, pas la diminuer.(Janez Potocnik le 10 juin)..
autrement dit ... on risque de la durcir à certains endroits
(!), l'assouplir à d'autres.
Pire,
le Copa-Cogeca a demandé à Bruxelles le 10 juin une
flexibilité et une adaptation de la législation
adaptées à des situations locales -
ce qui ressemble étrangement à du zonage
(techniquement, biologiquement impossible).
Or,
la législation devrait être adaptée à
TOUTES les
situations locales en France et d'Europe sans exception, la totalité
des zones d'élevage et de zones habitées mais encore
une fois la « Plateforme » ne sert pas à
ça…
2) Utiliser
des données scientifiques (surtout
celles du LCIE -
alors qu'en matière de protection et de gestion des grands
carnivores il y a toujours eu davantage de preuves de manipulations,
de mensonges et d'abus qu'une "base
de connaissances").
3)
Voici un oubli notable :
Les
signataires reconnaissent que les grands carnivores font partie
intégrante des paysages multifonctionnels
Partie intégrante, présents
partout, dans les zones d'élevage et les zones habitées
comprises.
Selon
quels critères ? Ceux de la LCIE / UICN bien sûr !
Des
critères qui font partie du "challenge", du "défi",
d'un pari (LCIE)…
Le tout imposé par des « comités
scientifiques » (les leurs) qui déclarent savoir
mieux que les autochtones, les chasseurs et les éleveurs ou
l'histoire.
4)
Un autre
oubli notable :
La
« Plateforme » doit trouver des « solutions »
pour
« faciliter
la coexistence entre les humains et les grands carnivores »,
grâce au dialogue constructif.
Voici un accord
fondamental de coexistence, de cohabitation.
Et même quand les solutions n'existent pas, il faut les trouver
en discutant !
5)
Coopération
transfrontalière en s'appuyant sur l'ouvrage des « lignes
directrices » du LCIE -
la seule bible autorisée et imposée par la CE.
Il y
a également 6 petits points totalement oubliés,
qui sont particulièrement importants pour la profession :
Les
signataires s'engagent à :
1)
partager leur expertise et expérience
2)
écouter, discuter ..
3)
dialoguer .. et accepter
des compromis
En
réalité, ce sont les signataires qui se sont compromis
….
Les
« aides à la reconversion », comme
proposées à la profession lors d'un Groupe National
Loup, font-elles partie des compromis qu'il faudra accepter ? La fin
inéluctable du pastoralisme, fait-elle partie des compromis ?
4)
accepter des exemples de bonnes pratiques
(méthodes
de protection auxquelles le loup s'adapte ...)
pour une
coexistence réussie entre
les humains et les grands carnivores ..
5)
tester ces "bonnes pratiques"(
= business et expérimentations des méthodes de
protection ad vitam aerternam
..)
A la
« Plateforme de cohabitation », Janez Potocnik,
Commissaire Européen de l'Environnement, a cité Stephen
Hawking qui a dit que "l'intelligence est la capacité
d'adaptation".
Mais Einstein aussi a dit que "la folie
c'est de répéter les mêmes erreurs et de
s'attendre à un résultat différent".
Cela fait 20 ans que les
éleveurs sont des objets d'expérimentations. Cela fait
20 ans que les éleveurs sont minés par le business de
la protection.6)
garantir leur
capacité à s'engager pleinement dans ce travail.Il
fallait TOUT refuser en bloc . ..Toute la mascarade de la CE / LCIE /
UICN / WWF
Il
fallait boycotter la signature de cet accord de coexistence ... PAS
la réunion. Imposer
les conditions du dialogue – ne pas accepter un manifeste/accord de
cohabitation comme point de départ !
Il
fallait imposer le dialogue SANS
l'accord de cohabitation, sans le condensé du manifesto LCIE
et se référer démocratiquement
aux acteurs concernés, non invités, écartés,
mieux au fait de la situation.
Il
fallait inviter les vraies parties prenantes. C'est un scandale.
*
"Actions clés"
Les "actions clés"
sont des plans d'intervention pour une "coexistence" avec
le loup (hypothétique et fantaisiste), dont la liste a été
soigneusement préparée par des membres du LCIE et son
président Luigi Boitani.
Ces
propositions, qui doivent être validées à
l'automne/ hiver 2014 / 2015 et pour certaines démarrer en
« urgence », ont déjà été
passées en revue par les signataires et participants de la
« Plateforme » et deviendront l'outil
stratégique (et très rémunérateur pour
certains) les 5 prochaines années.D'une
façon générale il est prévu
*que
l'espèce devra être gérée en tant que
population (10 populations, pour la plupart transfrontalières),
non plus uniquement au niveau national - en préparant des
voies de connexions, des "corridors", en vue de l'expansion
et du brassage génétique de l'espèce (c'est à
dire fabriquer un "canis mixus" à la place d'un
"canis lupus").
* de possibles transferts
d'individus ("translocations")
pour garantir l'expansion de l'espèce et de prendre en compte
les grands prédateurs dans toute future étude d'impact
pour éviter la "fragmentation de l'habitat" et des
infrastructures gênantes (!).
* un
durcissement au niveau légal en cas de prélèvements
illégaux et des équipes de chiens pour détecter
toute présence de poison.
* de la promotion pour l'écotourisme
* de la propagande - "l'éducation"
du public, des médias et des professeurs / élèves
* des subventions ... mais
également des assurances
pour indemniser
les pertes
* des
chiens, toujours des chiens, davantage de chiens
… des workshops et de l'assistance
technique de prévention ...
On ne
soulève jamais la question de prélèvements de
l'espèce dans les "actions clés" mais qu'il
est nécessaire de trouver des solutions de protection, (alors
que l'on connaît leurs limites !) en soulignant que si on tue
des loups, il faut 2 ou 3 ans grand maximum avant que d'autres
occupent leur place. ("Niche écologique" ndlr)
On
propose ainsi :
... des filets électriques - de 1m70 de
haut (très pratiques (!) et meurtriers en cas de panique du
troupeau).
... des
aide-bergers (Équipe de jour, équipe de nuit ?)
..
l'indemnisation (en pensant toujours que c'est une solution)
...
encore et toujours des chiens de protection (plus nombreux, des
races miracles plus agressives et des ennuis / risques
supplémentaires)
En
fait, la « Plateforme » voudrait répandre
les moyens de protection qui ne marchent pas en France dans d'autres
pays européens.
Et en
France, on voudrait faire adopter des pratiques traditionnelles
venant d'autres pays – des chiens de protection divers qui
n'empêchent pas leurs troupeaux d'être attaqués
pour autant !
Ces pays
essaient de gérer leur situation au mieux à l'aide de
meutes de chiens de protection très dangereux, pour la plupart
hybridés avec le loup et des hordes de bergers sous-payés
en gîte et couvert. Leur gîte se trouve au milieu du
troupeau - ce sont des peaux de bêtes dans un couchage, fait
de clous et de planches, à la belle étoile.
Totalement
inconcevable en France, que ce soient les conditions de vie des
bergers sous-payées ou des meutes de chiens féroces.
En
particulier, dans la "population alpine" (donc la France)
il est prévu
* la
création d'un comité alpin (encore un "truc"
de plus).
*
de définir des zones
de conservation prioritaires
(et voilà le zonage qui arrive)
* de
favoriser la connexion entre populations (brassage du "canis
mixus")
*
des ... chiens ... encore du business chiens, toujours davantage de
chiens ….. label, standards, stud-books ...et à cet effet,
on voit réapparaître ... la
Pastorale Pyrénéenne
et la Société
Centrale Canine (les
mêmes organismes que pour les tests sur les chiens de
protection qui avaient pourtant été écartés)
ainsi que des "organismes ovins", non nommés … en
plus, c'est une action
prioritaire ….
En début 2014, il y a eu un
mouvement associatif pour empêcher ces tests que les FNO / SCC
/ Pastorale Pyrénéenne devaient organiser avec
l'administration et le gouvernement français. Fin 2014, ce
sont les mêmes qui vont réapparaître via la
Commission Européenne et grâce à la signature du
manifeste du 10 juin.
On s'en va par la petite porte, on
entre par la grande … et de toute urgence ...
Comment s'attendre à ce
que les représentants du Copa-Cogeca disent non quand ils ont
déjà dit oui (?!)
en signant
l'accord de cohabitation comme point de départ de toute
discussion ... et quand la Pastorale Pyrénéenne /
Société Centrale Canine sont les partenaires de ceux
qui président le groupe ovin Copa-Cogeca ?
Il n'y a pas de marge de refus /
discussion quand le point de départ est un accord de
cohabitation, de compromis et
d'expérimentation.
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Lynda Brook : Wolf Education International (en Français approximativement : enseignement sur la biologie et l’éthologie du loup)
RESTE A SAVOIR A QUI PROFITE LA DISPARITION DU PASTORALISME?