Ou la réponse du berger aux bien-pensants : "les affirmations numérotées de 1 à 11, en gras et en italiques" sont celles de M. Rigaux, grands défenseur du loup et grand pourfendeur du pastoralisme. (Le pastoralisme est il bon pour la montagne)
Autrefois, le pastoralisme était montré comme facteur de dégradation de l'environnement par les forestiers : « Bergers et éleveurs étaient montrés comme des incultes fourvoyés dans des pratiques archaïques remontant à l'aube de l'humanité ».
Aujourd'hui, alors qu'il s'est adapté aux crises et à l'évolution, alors qu'il est devenu un outil privilégié pour l'entretien et la gestion de la montagne, le pastoralisme redeviendrait il la bête noire des adeptes du « tout sauvage » ?
Illustration 1: troupeau sur le site Natura 2000 de Valdrome 26
«
Le pastoralisme est aujourd’hui considéré comme une solution
durable à l’entretien des milieux en faveur de la biodiversité.
Il est également un outil de préservation des milieux contre les
incendies. Par ses multiples vocations, le pastoralisme est donc
présent dans de nombreux documents de planification territoriale
comme les documents d’objectif des sites Natura 2000 mais également
les plans départementaux de défense de la forêt contre les
incendies. »
1 - «En haute altitude, le froid, et non les brebis, empêche les arbres et les buissons de pousser. »
Le mélèze a besoin de froid pour se développer. Il parvient à supporter des températures glaciales : jusqu’à – 70 °C ! Le pin Cembro ou pin des Alpes résiste au-delà de -40°C
Les arbres peuvent monter beaucoup plus haut dans les Alpes-Maritimes qu’en Savoie, en adret qu’en ubac. Avec le réchauffement climatique, on « gagne » 0,5 °C tout les 10 ans, l'équivalent de 80 m de dénivelé. Sur les 3 dernières décennies, les limites altitudinales de végétation ont gagné 250 m !
Le pastoralisme est donc mis à contribution pour préserver les espaces ouverts.
2 - « Oui, la montagne peut se passer du pastoralisme. »
Le pastoralisme empêche la fermeture des paysages et la disparition des patrimoines ruraux. Mieux : il serait aussi un facteur essentiel de la biodiversité en favorisant le maintien d'espaces ouverts et variés. Le pastoralisme extensif peut se prévaloir d'une « qualité environnementale». cf Revue scientifique Sud Ouest Européen N°16/2003 Pastoralisme et environnement
L’alpage est le symbole du pastoralisme et de son emprise sur le milieu alpin. En effet, c’est « Alpage » qui a donné son nom aux Alpes et non le contraire!
Les animaux prélèvent de la matière végétale. Les déjections restituent une partie de ce prélèvement. Ce retour « stimule » la vie biologique du sol.
Exemple : Science et Décision » du CNRS
« Les paysages qui abritent la plus forte biodiversité sont composés d'habitats semi-naturels. /…/ Les principaux types sont les prairies exploitées de façon extensive ou peu intensive /…/ En France, 84 % des surfaces classées en " haute valeur naturelle " correspondent à des zones d'élevage en plein air»
Alors oui : la montagne peut certainement se passer du pastoralisme, du ski, des randonneurs, des alpinistes, des VTTistes….. Mais si le pastoralisme venait à disparaître, ce seraient des millénaires du patrimoine nature et une part importante de biodiversité condamnés sur l'autel du « tout sauvage »
3 - « la plupart de ces élevages de montagne qui se veulent proches de la nature ne pratiquent pas l’agriculture biologique. »
Les taux de chargement en montagne restent liée à la pérennité de la ressource herbagère, souvent 1 ha par brebis dans les pré-Alpes, comme le Haut Diois. Des ovins qui pâturent dans des landes et des alpages sans engrais ni produits chimiques. Quelle serait l’opportunité d’être en Bio ? Le loup épargnera t-il les agneaux avec le label bio?
Je fais ma charcuterie moi même sans autres additifs que le sel (chlorure de sodium) sans le label bio
Le saviez vous ? : En bio, le Nitrite de sodium et le nitrate de potassium tous deux considéré comme cancérigène, sont autorisés.
4 - « Le pastoralisme participe fortement à la dégradation de l’eau du robinet »
Si l'on trouve dans nos montagnes une eau exceptionnelle, les récents regroupements nocturnes pour la protection des troupeaux comportent un risque de créer cette pollution du fait de la concentration des déjections fécales. Mais jusqu’à nouvel ordre, la pollution de l'eau engendrée par des millénaires de pastoralisme traditionnel n'a jamais été redoutée par les ruraux. Ce qu'il nous faut craindre, c'est plutôt le fait des déjections de l’élevage industriel, la pollution chimique, (produits de nettoyage, pesticides, peinture…). Les résidus de médicaments (absorbés puis rejetés dans les eaux usées...). Les activités industrielles, rejettent des métaux, des hydrocarbures, des acides,.....
"Certains conférenciers dans le déni de
la science et motivés par des intérêts
peu avouables, déforment consciemment
les preuves scientifiques pour satisfaire et servir des intérêts peu avouable. À l’heure ou M. Rigaux écrit cet article, les communes perdent leur autonomie sur l'eau de leurs sources au profit de Vivendi, Lyonnaise des eaux et autres multinationales. Ces prêcheurs ne
reculent décidément devant rien, notamment ceux censés défendre l’environnement.
Les perturbateurs endocriniens sont
autrement plus redoutables que les crottes de biques !
5 - «Les pelouses sont adaptées aux conditions extrêmes de la haute montagne et ont nul besoin d’être pâturées. »
Tous les paysages, réputés naturels ou non, sont le fruit d’une coévolution du travail de la nature et de l’homme ». Le fruit de ce que la nature a permis à l’homme de faire pour la transformer tout en la préservant. Cette complicité a commencé il y a plus de 6500 ans, au Néolithique avec le pastoralisme.
Même
la forêt Amazonienne a été profondément changée par les anciens habitants de la région il y a plus de 8000 ans. Alors comment être sur que les alpages n'ont pas besoin de pastoralisme ?
En altitude, les pâturages sont divisés en plusieurs quartiers que le troupeau exploite tour à tour pendant une certaine période. D’origines souvent très anciennes, les quartiers sont définis en fonction de leur altitude, leur exposition, leur pente... et se composent toujours d’une **couchade, d’une salice* et d’un point d’abreuvement. Plusieurs circuits sont élaborés par le berger au sein d’un quartier. Outre le fait que le pâturage permet d'entretenir les pelouses, il limite fortement les avalanches et favorisent la vie de la flore et des insectes par l'enrichissement du terrain avec les déjections.
** La couchade est le lieu où le troupeau passe la nuit *La salice est l'endroit où le sel est mis à disposition des brebis
La conduite des
troupeaux sur les parcours d'estives des étages subalpin et alpin
est millénaire.,Outre le fait que le pastoralisme rend les
exploitations plus économes en moyens, il présente également
d’autres avantages : il entretient les paysages, maintien les
écosystèmes ouverts et permet de lutter contre les incendies par le
débroussaillement animal. Il a un fort intérêt écologique et
économique. Auteurs
: CERPAM - OIER-SUAMME - ADEM - DDT(M) - IDELE. "Lepastoralisme, une activité respectueuse des équilibres naturels"
6 - « En Italie, la cohabitation se passe bien »
ITALIE : Extrait dans la conclusion :«Variationde la végétation pastorale dans le Piémont consécutive à laprédation du loup » par :
Département Sciences Agronomiques, Forestières et Alimentaires – Université de Turin
Département Sciences Aliments, Nutrition et Environnement – Université de Milan
Docteur en Foresterie et Environnement – Profession libérale
« Certains alpages piémontais où les troupeaux ont subi de fortes pressions de prédation ont été abandonnés…/ Tout ceci a déterminé un appauvrissement de la végétation et de la production à cause de la réduction de la charge animale et de l’abandon de l’économie agro-pastorale. L’élevage en zone de montagne est à la base de la conservation de la diversité des ressources pâturables, avec des répercussions sur l’ensemble du paysage alpin. La tendance évolutive avancée à la suite de la diffusion du loup favorise la cessation d’activité de certains éleveurs, l’abandon partiel ou total des pâturages d’estive et des zones les plus exposées aux attaques, le commencement d’un processus de régression de la végétation et le déséquilibre dans la distribution de la fertilisation. Une telle tendance évolutive, liée sans équivoque à la gestion pastorale, est confirmée par la diffusion d’espèces de milieux pauvres, par l’expansion d’espèces arbustives envahissantes…/ »
Comme quoi, contrairement à ce que l'on veut nous faire croire, en Italie la situation n'est pas plus enviable que chez nous :
7 - «Il faut interdire le pastoralisme dans les parcs Nationaux »
Extraits de la charte des P.N.:
« Les paysages d’alpages et d’estives des cinq parcs nationaux recouvrent 460 000 ha (comprenant des pâturages d’altitude d’été...) et se situent en zones cœur et en aires optimales d’adhésion. Dans les cœurs (excepté le P.N. Cévennes où l’on trouve également des espaces cultivés), le pastoralisme est l’activité agricole très largement majoritaire, voire exclusive. Il est également présent dans l’aire optimale d’adhésion de tous les parcs nationaux.
Le pastoralisme contribue à la structuration écologique et paysagère des territoires, à la constitution du patrimoine naturel et culturel des parcs nationaux et à sa gestion. Ainsi, les paysages d’alpages et d’estives offrent une biodiversité et un caractère remarquable, résultat des interactions complexes et dynamiques entre activités pastorales et milieux naturels, que les parcs visent à préserver. »
Une charte signée en démocratie que d'aucuns rêvent de remettre en cause par idéologie du tout sauvage. « Les paysages créés par la coévolution de l'élevage et de la végétation ressemblent souvent à des zones sauvages pour les étrangers /alors que/ la disparition des systèmes traditionnels de pâturage tend à s’accompagner de pertes importantes de biodiversité. » F.A.O.
8 - « Le loup participe à la création d 'emplois, l'état subventionne 80 % du salaire d'un berger. »
L'éleveur touche 80 % du plafond subventionnable auquel il a droit selon la taille de l'exploitation, le mode d'élevage, la présence ou non du prédateur..... Des subventions qui aident mais sont loin de couvrir 80% du salaire mis en avant par les défenseurs du loup.
Sans compter l'avance de trésorerie puisque en novembre 2016 les salaires de 2015 ne sont toujours pas indemnisés. Donc, pas de quoi en faire un plat. En effet, le travail supplémentaire pour le berger en zone d'alpage est estimé par le CERPAM et l’Institut de l’Élevage à 7h/jour, soit 210 heures/mois en plus de son travail normal, qui s’établit en moyenne autour de 280 heures/mois.
Dans la grande majorité des cas, les aides bergers ne tiennent pas plus de 2 ans. Le stress, l'angoisse, la culpabilité, l'horreur des charniers dues à la prédation ont raison de ces nouveaux acteurs ruraux plein de convictions faussement étayées par les affirmations fantaisistes des défenseurs du loup.
9 - «La pression des troupeaux dévaste la flore…. »
Voyons ce qu'en pense Sylvain Plantureux, ingénieur agronome, docteur et professeur à ENSAIA, directeur adjoint de recherche à l'INRA Nancy, il étudie la biodiversité des prairies et nous dévoile le fruit de ses recherches dans cette courte vidéo de 7mn :
Voyons aussi ce qu'en pensent l’ensemble des organismes traitant du sujet :
L'IMPACT DRAMATIQUE DE LA DISPARITION DU PASTORALISME
Et voyons maintenant ce que vantent les dépliants des offices de tourisme pour attirer les citadins à venir découvrir la nature préservée et accueillante :
Exemple en pays Basque : « Elle est bien belle la montagne basque, mais elle est également le théâtre d'une intense vie économique, la plus importante et la plus ancienne étant celle du pastoralisme. Environ 700 éleveurs y amènent un cheptel de près de 100 000 brebis, 5 000 vaches et 1 000 chevaux ! Il est donc évident que toute la culture de la montagne basque plonge ses racines dans la tradition pastorale. »
Un plaidoyer cosignés par 34 scientifiques explique l'importance du pastoralisme pour la biodiversité : PLAIDOYER
POUR DES ÉCOSYSTÈMES NON DÉSERTÉS PAR LES BERGERS
10 - « Les moutons mal protégés sont des proies faciles... » Une lapalissade pour cacher la réalité : " La proportion d’attaques en pleine journée ne cesse de croître. Des attaques qui se produisent malgré la présence de bergers et de chiens de protection." cf ADEM selon DDT26, DREAL Rhône Alpe, ONCFS
Le
désarroi des éleveurs est d'autant plus grand face à
l'ampleur de la prédation, qu'elle met le doigt
sur les limites des moyens de protection mis en place par la
quasi-totalité des éleveurs pâturant en zone de présence du loup
(gardiennage renforcé, chiens de protection, parc de nuit ou de
pâturage électrifié). Auteurs : CERPAM - OIER-SUAMME - ADEM -
DDT(M) - IDELE. "Le pastoralisme, une activité respectueuse des équilibres
naturels"
11 - La filière ovine se porte mal…. »
Mais le pastoralisme traditionnel proposant des produits de qualité dans le respect, la traçabilité, la durabilité et la proximité se porte mieux que mal.
L’agriculture de montagne, avec un certain nombre de spécialités parmi les plus réputées, contribue au renom de la production agricole et alimentaire française et à la richesse nationale.
L’approfondissement de la politique de développement durable apporte une nouvelle légitimité aux aides à la montagne, qui « rémunèrent » les externalités positives de l’entretien de la nature, de la biodiversité et des paysages par l’agriculture et la forêt...
Source : http://www.ladocumentationfr
11 bis - «…., le loup est un bouc émissaire »
le loup menace la branche qui a su tirer son épingle du jeu.
L’agneau labellisé se porte bien partout ou il pâture en paix.
Ailleurs, dans toutes les zones d'élevage qui subissent le loup, la production baisse en même temps que la qualité.
Les A.O.C. dont le cahier des charges exige une obligation de pâturage, comme en Italie et en Espagne sont menacées.
Le loup se délecte des bovins et équins qui remplacent les ovins là ou l'herbe le permet.
Pour mieux connaitre Pierre Rigaux :
loup, la conférence du point de non retour